mercredi 8 juillet 2015

Mexique autrement - Lo de Marcos, Nayarit

J’ai toujours été attiré par le Mexique. Déjà adolescent, je m’intéressais à l’histoire des cultures mayas et aztèques. Il y a une trentaine d’années, j’ai eu l’occasion de découvrir le Yucatan que l’on nomme maintenant la Riviera Maya et d’y découvrir ses sites archéologiques, reflets d’une civilisation évoluée et détentrice de connaissances poussées, particulièrement en ce qui concerne les mécanismes régulant les saisons et la place de la terre dans l’univers. J’ai également voyagé dans le pays voisin, le Guatemala, il y a une vingtaine d’années et j’y ai côtoyé la culture maya à travers les communautés toujours bien vivantes jouxtant la frontière mexicaine et le Chiapas. Finalement, un séjour linguistique prolongé à Cuernavaca quelques années plus tard m’a permis de visiter quelques villes coloniales et la mégalopole de Mexico ciudad. J’y ai découvert un autre visage du Mexique culturel, architectural et politique méconnu de la plupart des Nord-Américains qui ont l’habitude de fréquenter les plages et les tout-inclus de ce magnifique et grand pays sans vraiment avoir l’occasion d’en prendre le pouls de l’intérieur.

Cet hiver, nous avons décidé de vivre l’expérience d’un Mexique rural, dont la nature est toujours débordante de vie entre montagnes et mer. Nous avons séjourné plusieurs semaines dans un petit village côtier à quelque cinquante-cinq kilomètres au nord de la ville balnéaire de Puerto Vallarta. Situé dans l’état du Nayarit, le village «Lo de Marcos» est devenu une destination balnéaire pour les résidents de Guadalajara située à 275 kilomètres à l’est, mais aussi une destination hivernale de longs séjours pour plusieurs Canadiens et Américains principalement de l’ouest du pays et de quelques Québécois voulant fuir les traditionnels Cancún, Acapulco ou encore Puerto Vallarta à saveur trop nord-américaine pour les amateurs de culture latino-américaine.

Noël (La Navidad) est une fête très prisée des Mexicains et l’occasion de festoyer en famille. Pour cette occasion, les résidents temporaires venus du Nord pour l’hiver et les résidents de «Lo de Marcos» et des campagnes avoisinantes organisent un défilé du père Noël et une distribution de cadeaux aux enfants du village.



Heureusement, le développement immobilier en cours depuis de nombreuses années à Puerto Vallarta n’a pas encore vraiment rejoint la côte à Lo de Marcos et la nature s’exprime encore avec beaucoup de vigueur. Nous avons assisté à l’arrivée de bancs de poissons comparables à l’éperlan roulant en d’immenses vagues jusqu’à la plage. Pendant les quelques jours où ce phénomène est apparu, des milliers d’oiseaux marins ont envahi la baie et nous avons assisté à une immense valse de plongées vertigineuses à travers les baigneurs dont nous étions à nous régaler de ce spectacle que nous offrait la nature.



Ainsi, de ce séjour sur la côte pacifique du Mexique, nous avons retenu la beauté d’une nature encore époustouflante et la gentillesse et l’accueil des Mexicains vivant modestement, mais dignement dans ces communautés de plus en plus dépendantes financièrement du tourisme nord-américain.

Décembre 2014 et janvier 2015

jeudi 12 décembre 2013

Le pèlerin voyageur est de retour au Mont Saint-Michel


Le Mont-saint-Michel en juin 2013
Les pèlerinages, ces voyages individuels ou collectifs vers un lieu saint, un lieu de piété dans un esprit de dévotion ou pour des motifs de réalisation personnelle, sont de plus en plus populaires, particulièrement en Europe. Personne n’ignore le chemin de Compostelle, peu savent qu’il existe plusieurs chemins de Compostelle et encore moins connaissent les autres destinations de dévotion fréquentées par les pèlerins au moyen-âge et avant.

Le pèlerinage vers le Mont-Saint-Michel a été accompli par la plupart des rois de France jusqu’à la fin du XVIe siècle, dont saint Louis, Philippe-le-Bel, Louis XI et François Ier ainsi que par les plus grands du Royaume. Mais il était surtout le fait des personnes de condition modeste et des enfants.

Il y eut en effet au XIVe et au XVe siècle de très nombreux groupes d’enfants venus de France, de Flandre, d’Allemagne ou de Suisse.

Au XVIIe et XVIIIe siècle, le Mont-Saint-Michel connut une affluence plus modeste. Les pèlerins, bien que moins nombreux, se réunissaient en confréries de pèlerins de Saint-Michel et se rendaient par petits groupes au Mont. La Révolution française marqua la fin des pèlerinages à l’abbaye transformée en prison (de 1793 à 1863). Ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle qu’on procéda à la restauration de l’abbaye classée Monument historique et que l’on vit le retour des visiteurs à Saint-Michel. 

François-Xavier Maigre, journaliste au quotidien « La Croix », prend en mai 2011 la route avec sa femme, ses deux jeunes enfants et un âne, cacao, pour rejoindre par « les chemins montois » l’abbaye du Mont-Saint-Michel afin de faire renaître une tradition oubliée depuis la Révolution et vivre une « aventure de proximité » en famille au cœur de la campagne normande.


Votre guide touristique personnel et gratuit (France)

Pour une période non précisée, GEO et Zevisit vous proposent d’enrichir votre expérience de découvertes du patrimoine en téléchargeant gratuitement des visites audio de plusieurs villes patrimoniales de France. Vous pourrez ainsi écouter instantanément le récit de ce lieu en vous géolocalisant. J’ai personnellement expérimenté ces guides et je peux confirmer qu’ils sont d’une grande qualité à la fois sonore et informationnelle.

Téléchargez gratuitement l’application GEO audioguide pour iPhone ou pour Androïde.

lundi 26 août 2013

Le château de Neuschwanstein, Allemagne - Le piège à touristes

C’est le roi de Bavière Louis II (1845-1886)
qui fit construire ce château de conte de fées.
Construit sur un éperon rocheux, le château est un hymne au moyen-âge. Louis II de Bavière fut un roi à l’esprit romantique dépassant la mesure. Comme le montre la photo ci-jointe, le château situé dans un cadre alpin enchanteur ressemble plus à un conte de fées qu’à celui construit par un souverain voulant démontrer son pouvoir. D’ailleurs, le règne de Louis II prit fin abruptement par son arrestation par son propre gouvernement pour incapacité de gouverner. Cette arrestation mit fin à la construction du château qui ne fut jamais complété selon les plans originaux. Louis II fut retrouvé mort dans le lac Starnberg en 1886 et sa mort tragique reste encore un mystère aujourd’hui.

Le piège à touristes

La billetterie du château est située à environ deux cents mètres plus bas que l’entrée du château. Nous nous y rendons à vélo depuis la ville de Füssen (environ 7 km) où notre camping-car est garé pour la nuit. Arrivés à la billetterie, nous faisons la file pendant 45 minutes pour obtenir des billets qui permettront une entrée au château 1h45 plus tard. Les billets sont disponibles à 12 € par personne avec au choix, une visite guidée en allemand ou en anglais ou encore avec un audioguide dans la langue de notre choix. L’horaire de la visite est déterminé selon le choix effectué à l’achat et le nombre de visiteurs. Notre visite avec audioguide en français est fixée pour 14h15. Après avoir monté à pieds pendant quarante minutes une pente raide jusqu’à l’entrée du château, c’est une machine qui scanne notre billet qui nous accueille. Nous montons une cinquantaine de marches sans plus d’indication pour arriver devant un long corridor où surgissent trois rangées séparées par un cordon et identifiées : Deutch, Englisch, Audio-guide. Nous choisissons celle identifiée audioguide pour nous retrouver devant une porte fermée. Après avoir appelé, la porte s’ouvre et une préposée nous remet un appareil sans autres explications ainsi qu’aux autres membres du groupe, italiens, japonais, indiens et autres. Au bout de quelques minutes d’attente, l’audioguide se met en marche et une austère portière arrive à notre rencontre. C’est en décrochant le cordon noir qui nous obstruait le passage, que nous comprenons que la visite débute. Derrière nous, un autre groupe vient d’arriver et devant nous une porte se ferme sur le groupe précédent guidé en anglais selon les quelques bribes que je perçois. Rapidement, les propos explicatifs du narrateur sont décalés par rapport au lieu où nous nous trouvons. Les magnifiques pièces meublées et décorées de bois, de peintures, de lustres de laiton doré défilent à un rythme tel, qu’aucun souvenir visuel concret n’est possible. Devant nous, les portes s’ouvrent et derrière nous les portes se ferment à un rythme d’enfer. Les propos du narrateur sont toujours désynchronisés par  rapport au lieu où nous nous trouvons. Après avoir demandé à notre sympathique ouvreuse de portes de corriger la situation, les seules réponses obtenues ont été : « Too much tourists » et « Complaint adminstration »! Après vingt minutes de visite au pas de course, nous entendons le narrateur nous dire que nous en sommes au terme de la visite. Bien sûr, après avoir parcouru de longs corridors et escaliers sans autres informations nous aboutissons dans une magnifique boutique de souvenirs fabriqués en Chine.

En conclusion, les administrateurs des deux châteaux « Neuschwanstein » et « Hohenschwangau » qui partagent la même billetterie semblent avoir misé sur l’efficacité des ordinateurs afin de maximiser le nombre de visiteurs déboursant 12 € pour un château ou 23 € pour les deux en se foutant complètement du visiteur et de l’aspect ludique et historique que peuvent représenter ces visites. Nous avons eu exactement la même impression en visitant le château Sans-Soucis et ses cinq pièces rococo pour 14 € à Postdam en banlieue de Berlin, et ce, après 4,5 heures d’attente.

mercredi 26 décembre 2012

Marco Polo - le grand voyageur

Marchand vénitien parti vers la Chine dès l’âge de dix-sept ans aux côtés de son père, Marco Polo fut le premier artisan de la connaissance de l’Extrême-Orient en Europe. Ses récits immortalisés dans «Devisement du monde», renommé par la suite «Livre des merveilles du monde», firent le tour des cours royales et influencèrent les plus grands explorateurs, tel Christophe Colomb.

Marco Polo raconte ce qu'il a vu ou entendu dire ; il livre des anecdotes et insiste sur la vie quotidienne, les religions et les combats des peuples visités. Il note les activités économiques, décrit la faune et la flore, les villes des pays traversés... Le Devisement du monde reprend les deux voyages effectués par les Polo, en 1260, sans Marco, puis en 1271, avec lui et s'articule en trois livres : l'itinéraire par le Proche Orient, l'Asie Mineure et l'Asie centrale vers le Catay ; le séjour dans l'empire de Catay ; l'itinéraire par la voie maritime de l'Asie du Sud-est puis par l'Inde jusqu'à l'Asie Mineure. Tout au long du récit, Marco Polo fait preuve d'une précision documentaire qui n'exclut pas parfois la naïveté ; de qualités d'observations qu'on ne soupçonnerait pas chez un homme de son époque et qui expliquent peut-être que les contemporains de Marco Polo aient d'abord cru qu'il avait fait preuve d'imagination.

Imago mundi de Pierre d'Ailly
Les descriptions de Marco Polo eurent ainsi peu d'effets immédiats, mais il semble bien qu'une carte illustrant ses découvertes ait été tracée sur le mur de la salle dite "des deux cartes" du palais ducal de Venise. Elle existait encore en 1449 quand le sénat décide de la rénover, avant d'être détruite en 1483. Une de ces cartes devait être copiée en 1426 pour Don Pedro de Portugal. Les cartes du XIVe siècle, celles de Pietro Vesconte par exemple, qui connaissent les itinéraires de Rubrouck, peut-être par l'intermédiaire de Roger Bacon, et de Plan Carpin, ne font pas allusion de façon significative au "Devisement du monde". L'Atlas catalan, à la fin du XIVe siècle, est l'une des premières cartes à lui emprunter des toponymes, voire des fragments d'itinéraires. Plus tard, sur la carte de Fra Mauro (1459), l'influence du récit de Marco Polo deviendra plus significatif. On en trouvera trace également sur les cartes de Henricus Martellus Germanus (v.1480-1496), sur celle de Ruysch imprimée en 1507 et sur le globe de Behaim. Quant au Devisement du monde il était, avec l'Imago mundi de Pierre d'Ailly, l'un des ouvrages de référence de Christophe Colomb. Ce dernier ouvrage est illustré d’une carte du monde, encore influencée par les cartes T-O (Terrarum orbis) du Moyen Âge. Contrairement à la plupart des cartes médiévales, elle place le nord en haut de la page. La terre apparaît sous forme de globe divisé en zones climatiques, et les terres émergées sont rassemblées dans l’hémisphère boréal. Christophe Colomb possédait un exemplaire plus tardif (vers 1487 ?) de l’ouvrage de Pierre d’Ailly lorsqu’il embarqua pour son premier voyage vers l’Amérique. Cet exemplaire annoté de sa main est conservé dans la bibliothèque Columbine de Séville.


mardi 18 décembre 2012

Comme les grands explorateurs - Mars

Sir Martin Frobisher (1535-1594)
fit plusieurs voyages vers le Nouveau
Monde pour y rechercher le passage
du Nord-Ouest. Il explora à cette
occasion une grande partie du Canada.
Depuis toujours, l'Homme a été attiré par l'inconnu. Bien que je sois très critique sur l'attribution par les historiens des titres de découvreur officiel, Christophe Colomb, Fernand de Magellan, Vasco de Gama, Jacques Cartier, Samuel de Champlain et bien d'autres ont depuis mon enfance meublé mon univers imaginaire de l'exploration et de la découverte.

Maintenant que notre planète semble avoir révélé tous ses secrets géographiques, l'exploration est passée à un niveau supérieur, soit la partie de l'univers connu. Voici une vidéo qui m'a permis de visualiser ce que seront nos futurs explorateurs et découvreurs. En route pour la planète Mars...


vendredi 30 novembre 2012

Déserts - se préparer au voyage (Théodore Monod et Philippe Frey)


Un désert se définit comme une zone géographique très sèche où la végétation est quasi absente et le peuplement rarissime. J’ai eu au cours de mes voyages à parcourir brièvement trois types de désert. Dans le Grand Nord québécois, j’ai eu la chance de connaître le grand désert blanc de la toundra. Au sud de la Tunisie, j’ai vu le désert de sable du Sahara et enfin dans le centre-ouest des États-Unis, j’ai traversé le désert du Mohave pour joindre la Rive-Sud du Grand Canyon. La préparation d’un voyage comporte plusieurs actions à mener à des moments différents. La veille du départ, si la préparation de sa valise ou de son sac à dos requiert la plus grande précision afin d’en réduire au maximum le poids tout en s’assurant d’apporter l’essentiel, il existe un tout autre ordre de préparation soit celui de se documenter et surtout de s’imprégner de l’atmosphère des lieux que nous visiterons. Pour mieux comprendre le désert, je me suis inspiré des travaux et des voyages de deux éminents voyageurs du désert.

Théodore Monod
1902-2000 

Né en 1902 à Rouen, descendant d'une lignée de pasteurs, Théodore Monod était un naturaliste à la manière du XVIIIe siècle, zoologiste, botaniste, océanographe, savant passionné de l'Afrique, mais aussi humaniste généreux.

Sa famille s'étant installée à Paris, dans le 5e arrondissement, il fréquente dès le plus jeune âge le Jardin des plantes et le Muséum d'histoire naturelle. À la Sorbonne il obtient une licence de sciences naturelles. En 1920, il participe à une mission océanographique de deux mois consacrée à l'étude du milieu marin de la pointe de Penmarc'h (Bretagne). En 1921, il entame une thèse sur de minuscules crustacés vivant dans les estuaires.

En 1922, il s'embarque pour la Mauritanie, chargé par le Muséum d'étudier les ressources halieutiques de la côte. Se rendant à Dakar en suivant une caravane, il découvre le désert. En 1925, il est chargé de faire l'inventaire de la faune aquatique des fleuves du Cameroun. Il continue ensuite à parcourir l'Afrique du golfe de Guinée au Tchad. En 1927-1928, il participe à une grande expédition organisée par un riche Américain : la traversée du Sahara d'Alger à Dakar via Tamanrasset et Tombouctou. Désormais, Théodore Monod se consacrera à la collecte de plantes, d'insectes, de roches et de fossiles. À l'occasion il s'intéresse aussi à la préhistoire et à l'ethnologie. En 1928-1930, il fait son service militaire dans la compagnie saharienne du Hoggar. Il est déjà antimilitariste et pacifiste, il en profite pour étudier le massif de l'Ahnet.
De 1930 à 1934, Théodore vit à Paris où il s'est marié et a deux premiers enfants. En 1934, il organise une expédition en Mauritanie, dans la région de Chinguetti (Adrar), à la recherche d'une météorite localisée en 1916 par un capitaine d'infanterie coloniale. À la fin de sa vie, il se lancera, à nouveau et en vain, à la recherche de ce qui est considéré comme la plus grande météorite du monde. En 1936, il est dans le Tanezrouft dont il étudie la géologie. En 1938, il crée à Dakar l'IFAN (Institut français d'Afrique noire). Pendant la guerre, il est le correspondant de la France libre à Dakar où il accueille le général De Gaulle en janvier 1944.

En 1948-1954, il participe aux premières plongées en bathyscaphe du professeur Auguste Piccard (1884-1962). De 1956 à 1964, il parcourt le Sahara dans tous les sens. En 1965, il quitte définitivement Dakar.

Humaniste, Théodore Monod multiplie les engagements politiques. Durant la guerre d'Algérie, il signe le Manifeste des 121 pour le droit à l'insoumission et en 1966 fonde, avec Jean Rostand, le Mouvement contre l'arme atomique, dénonce l'alcool et le tabac, critique la chasse et les corridas. Dans les années 1970, il participe à l'aventure du Larzac et dans les années 1990 aux combats de l'association Droit au logement (DAL). En 1979 (et à nouveau en 1999), il figure sur la liste écologiste pour l'élection à l'Assemblée européenne.

Il continue à voyager : Iran, désert de Lout (1970), Égypte, désert libyque (une dizaine de fois dans les années 1980-1990). En 1993-1194, il effectue sa dernière méharée à dos de chameau dans le nord de la Mauritanie. En 1998, il effectue son dernier voyage dans le désert (Libye, Mauritanie). Il est mort à Versailles en 2000, à l'âge de 98 ans.






Philippe Frey est un spécialiste français des déserts et de leurs populations. Docteur en ethnologie, il enseigne également dans les universités de Strasbourg et Mulhouse. Il est l'auteur de nombreux ouvrages. Depuis de nombreuses années, Philippe Frey parcourt les déserts des cinq continents, à la rencontre des cultures nomades qui subsistent dans les territoires si hostiles à l’homme. Depuis trente ans, il a parcouru près de quarante mille kilomètres, à pied ou à dos de chameau, dans la fournaise, les vents de sable, surmontant la faim, la soif, l'épuisement, la solitude, et mille dangers. En devenant tour à tour chamelier saharien, chasseur-cueilleur en Afrique australe, Baloutche masqué en Orient ou en se faisant accepter par les tribus indiennes du Nouveau Monde, Philippe Frey a découvert des peuples et des cultures parmi les plus vieux du monde.

Ethnologue de la survie, il a pu ainsi étudier les capacités de l'homme à résister et à s'adapter au plus hostile des milieux. Aujourd'hui, après avoir vécu tant d'aventures, d'expériences, ressenti tant d'émotions, Philippe Frey, qui poursuit son exploration des déserts encore quatre mois par an, cherche à transmettre sa passion et ses découvertes. Il nous sert de guide dans ce voyage passionnant au coeur de la fournaise. Il est membre du Club des explorateurs fondé par Paul-Emile Victor.

De ses 40 000 km, parcourus seul, à pied, il a tiré un livre, 50° déserts brûlants qui a reçu le prix Jean Sainteny 2007 de l’Institut de France. Il nous emmène en Mauritanie, en Iran, en Inde, au Kalahari, à la découverte des peuples du désert. À l’occasion du lacement de son livre, il donne une entrevue à Canal Académie.




vendredi 5 octobre 2012

La Rochelle, Charente-Maritime, France

Les tours qui gardent l’entrée du port historique.
À gauche, la tour Saint-Nicolas. À droite, tour de la Chaîne.
Capitale historique de l’Aunis et préfecture du département de la Charente-Maritime, La Rochelle est située en bordure de l’océan Atlantique. Au large du pertuis d’Antioche, protégée des tempêtes par la « barrière » des îles de Ré, d’Oléron et d’Aix, la ville est avant tout un complexe portuaire depuis le XIIe siècle. 

Dès notre arrivée, nous recherchons un stationnement pour la nuit à proximité du centre historique. Nous avons la chance de trouver un espace disponible parmi ceux réservés aux camping-car.

Il y a toujours une première fois. Aujourd’hui, c’est une rencontre avec des Luxembourgeois. Drôles de spécimens! Francophones ordonnés comme des Suisses, imbus d’une fierté nationale sans mesure, critiques à l’égard de l’Europe et de ses politiques sociales, mais revendicateurs pour le maintien des politiques sociales du Grand Duché et bénéficiaires de ses largesses. Finalement, comme toujours, des personnes au contact agréable, mais porteur d’une idéologie que nous n’avons pas l’obligation de partager. J’ai toujours eu beaucoup de réserve pour les personnes aux opinions tranchées, intraitables avec les opinions qui diffèrent des leurs. Un bel exemple des avantages du nomadisme, aucune obligation de soutenir des relations à long terme avec des personnes dont nous ne partageons pas le point de vue sur le monde. Le lendemain, ils n’étaient plus nos voisins!

J’avais depuis longtemps envie de visiter cette région de la côte Atlantique. La raison principale est d’ordre historique. Un grand nombre d’ancêtres fondateurs du Canada sont partis du port de La Rochelle en direction de la Nouvelle-France. 

Ce fut le cas de mon ancêtre, Guillaume Bertrand, qui à l’âge de vingt-deux ans, le 1er avril 1665, après avoir obtenu le consentement de ses parents, se rendait à La Rochelle et devant le notaire Teuleron, s’engagea à Pierre Gaigneur, armateur de La Rochelle pour aller servir trois ans en Nouvelle-France et finalement s’y établir. Quelques jours plus tard, il s’embarquait sur « Le Cat de Hollande » en direction de Québec.

Le Cat de Hollande est un navire de 200 tonneaux appartenant à Albert Cornelis Kadt. Armé par Alexandre Petit, il quitte la rade de La Rochelle à la fin du mois d'avril 1665, sous le commandement de Charles Babin. Après une escale à Dieppe, il s'arrête à Gaspé. Des soldats venus des Antilles, sur Le Brézé, sous les ordres de Monsieur de Tracy, embarquent à bord afin de rallier Québec et se joindre aux troupes du régiment de Carignan. Le Cat de Hollande arrive à Québec le 18 juin pour repartir le 3 août.
Mes pensées se bousculent pendant que nous parcourrons les rues bordées de maisons à arcades, caractéristiques de cette ville marchande moyenâgeuse, qui ont vu passer Guillaume Bertrand il y a 347 ans. Il passa entre les tours de Saint-Nicolas et de la Chaîne à la sortie du port en direction de l’aventure, sans jamais y revenir.

Maisons à arcade,
 témoins du passé commerçant de la ville.
Une randonnée en vélo nous amène place de l’hôtel de ville. Difficile d’imaginer l’apparence du bâtiment lors du passage de Guillaume, la construction datant du XVIe siècle ayant fait l’objet de nombreuses transformation et restaurations au cours des siècles. Il semble qu’à cette époque, ce fut la maison du gouverneur de l’Aunis. Des travaux de restauration sont toujours en cours et nous n’avons pu visiter le bâtiment à l’exception de sa très belle cour intérieure. De retour en direction des quais, nous nous arrêtons visiter la magnifique église Saint-Sauveur. Sur ce site furent tour à tour construites, puis détruites, au moins quatre églises au cours de l’histoire connue. La construction actuelle date de 1718 à l’exception de la tour du clocher. De style gothique flamboyant, cette tour ayant été conservée lors de la démolition du précédent ouvrage datant de 1492. Il est donc plausible de concevoir la présence de la tour visible depuis le port au moment où le bateau sur lequel s’est embarqué Guillaume quitte le port juste en face.

La tour de la Lanterne. Vestige des fortifications médiévales
qui protégeaient le port, sa tourelle à lanterne servait de phare et d'amer.


Le vieux port de La Rochelle

La Grosse-Horloge était à l'origine une porte de la ville fortifiée de La Rochelle,
ouverte dans l'enceinte primitive. La porte a été édifiée au début du XIIe siècle
lors de l’édification de la première enceinte médiévale


mercredi 3 octobre 2012

La Loire, France

Barque de Loire
La Loire est le plus long fleuve de France, avec une longueur de 1 013 kilomètres. Sa source est considérée être en Ardèche, au mont Gerbier-de-Jonc dans le Massif central. Son estuaire se trouve quant à lui dans le département de la Loire-Atlantique, à l'ouest de la région des Pays de la Loire et à l'ouest de l'Anjou.Une constatation générale mérite d'être notée avant tout sur la Loire : le profil général de son lit sur la longueur est celui d'un escalier. Des paliers à peu près horizontaux se succèdent, reliés les uns aux autres par de brusques décrochements. D'où le cours du fleuve, qui suit l'escalier, est fait de mouilles, endroits suffisamment profonds pour être toujours immergés, et de seuils peu profonds, à peu près découverts en basses eaux, où le courant est rapide et où les bancs de sable ou de galets sont nombreux. Les seuils sont franchis par des bancs de sable, chenaux plus ou moins profonds selon les saisons. Après Orléans la Loire emprunte sur 450 km une vallée plus ou moins orientée est –ouest, ample jusqu'à Rochefort-sur-Loire à la sortie de l'Anjou. C'est le Val de Loire caractérisé par ses châteaux (Wikipédia).C’est en partie ce parcours que nous sillonnons cette année.

Quel romantisme! Parcourir la route qui borde le cours d’eau où apparaît au loin la silhouette d’un château renaissance à travers les feuilles qui commencent à jaunir nous révèle les subtilités du cours d’eau réputé pour ses variations de niveau et ses crues subites. Partout, des traces de murs de protection élevés au cours des siècles par les hommes tentant de préserver leurs champs et leurs maisons des eaux tumultueuses du cours d’eau lors de ses crues. À cette saison, le débit est faible et les nombreux bancs de sable créent une magnifique mosaïque ocre et bleu dans laquelle le soleil couchant se reflète dans la douceur du soir. Extrêmement apaisant!


Ô de qui la vive course 
Prend sa bienheureuse source, 
Qui d'une fuite lointaine,
Te rends au sein fluctueux,
De l'Océan monstrueux,
Loire, hausse ton chef ores
Bien haut, et bien haut encores,
Et jette ton oeil divin,

Sur ce pays Angevin,

Le plus heureux et fertile, 
Qu'autre où ton onde distille. 
Ô mon Fleuve paternel, 
Quand le dormir éternel,
Fera tomber à l'envers,
Celui qui chante ces vers, 
Et que par les bras amis, 
Mon corps bien près sera mis, 
De quelque fontaine vive, 
Non guère loin de ta rive, 
Au moins sur ma froide cendre, 
Fais quelques larmes descendre, 
Et sonne mon bruit fameux, 
A ton rivage écumeux, 
N'oublie le nom de celle, 
Qui toutes beautés excelle, 
Et ce qu'ai pour elle aussi, 
Chanté sur ce bord ici,
D'une argentine fontaine. 

Joachim Du Bellay (1522-1560)


La Charante-Maritime, pays de mes ancêtres

Les environs de La Rochelle et Rochefort avec les Isles D’Oleron et de Ré par Albert Charles Seutter géographe.
Pour moi, la Charante-Maritime et plus particulièrement les anciennes provinces de l’Aunis et de la Saint-Onge revêtent un intérêt historique de premier ordre. Je suis un passionné d’histoire et de géographie. Mon tout premier ancêtre Bertrand est originaire de Sainte-Marie de l’île de Ré. Il quitta la France en direction de l'Amérique depuis le port de La Rochelle.

Champlain, cartographe de la Nouvelle-France originaire de Bourdages en Saint-Onge, laissa une volumineuse documentation permettant de mieux comprendre l’histoire des débuts de la colonisation française en Amérique.

C’est donc avec beaucoup d’intérêt et d’attentes que je me dirige vers cette région au passé maritime intimement lié à l’histoire de l’Amérique et à celle de ma famille.