dimanche 20 septembre 2015

Cyrano de Bergerac au Pays basque

À Lourdes, après avoir visité le château qui est en fait un musée d’ethnologie des Pyrénées fondé par deux passionnés, Louis et Margalide Le Bondidier en 1921, visite que nous vous recommandons, nous avons pris la direction du Pays basque. Bien involontairement, notre GPS nous a guidés vers une route de montagne qui s’est avérée une route d’alpage. Nous sommes montés jusqu’à 1000 m à travers les moutons, les taureaux et les chevaux en libertés sur une route à peine assez large pour permettre le passage du camping-car. Au secours Chantal! 

Le Pays basque

Quelques heures de route plus loin, nous nous sommes finalement posés à St-Jean-Pied de Port, point de passage millénaire du chemin de Compostelle en direction de l’Espagne. Nous nous y étions arrêtés en 2012, rien n’a changé! Il est quand même impressionnant de voir toutes ces personnes de toute nationalité et de tout âge sac au dos qui s’inscrivent à l’accueil des pèlerins au 39 rue de la Citadelle avant de regagner l’un des nombreux gîtes accueillant les pèlerins depuis plus de mille ans. Le marché regroupe des producteurs de la région qui nous présentent les produits typiques basques, dont les fromages de brebis et les saucissons aux variantes  infinies de goût et de saveur. Un régal pour les yeux et les papilles. Un mélange équilibré entre le traditionnel et le touristique.

Nouvel arrêt à Combo-les-Bains, une station thermale très populaire depuis le XIXe siècle. Cependant, ce qui caractérise vraiment la ville est Arnaga, le domaine créé par le grand dramaturge Edmond Rostand au début du XXe siècle. Le créateur de Cyrano de Bergerac a en effet décidé de s’installer près de la ville en 1900 et d’y investir ses droits d’auteur (une fortune) afin d’y implanter une immense maison basque, des dépendances et surtout un jardin à la française calqué sur les jardins de Versailles. Aujourd’hui, propriété de la commune, les jardins sont toujours impressionnants et valent le détour. Nous rencontrons Francine et André des campings-caristes québécois qui vivent à plein temps dans leur camping-car.

Le temps nuageux et frais des derniers jours nous a donné envie de gagner le bord de mer. Nous connaissions déjà notre point de chute à Anglet à mi-chemin entre Bayonne et Biarritz pour y avoir déjà passé quelques jours en 2012.

Biarritz, la belle! Fin XIXe, déjà la grande bourgeoisie se donnait rendez-vous l’été sur les plages. L’Impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III y a même fait construire un palais qui est aujourd’hui un splendide hôtel en bord de mer. Mais c’est surtout les grandes maisons au style architectural indescriptible construites pendant les années folles (1920-1929) par de riches industriels et des familles russes fuyant la révolution, qui font de Biarritz une ville vraiment différente.

Bayonne, une ville située au confluent de deux rivières et à quelques encablures de la mer. Son centre avec sa magnifique cathédrale nous surprend en raison de son style architectural basque typique. Par ce samedi, journée de marché, nous prenons la pleine mesure de la vie bayonnaise avec ses multiples terrasses en bord de rivière accueillant les promeneurs à l’heure de l’apéro et où tout ferme à 12h30 jusqu’à 15h pour le repas et la sieste.

Un peu d’ethnologie

Lorsque l’on voyage pendant de longues périodes dans un pays ou sur un continent comme nous le faisons, nous sommes en mesure d’observer les populations que nous côtoyons et de noter les différences notables à propos de nos propres comportements à la maison.

Ainsi, nous nous rendons fréquemment dans les grandes surfaces pour nous réapprovisionner puisque nous cuisinons quotidiennement nos repas à bord du camping-car. Voici donc une observation faite aux caisses de ces grandes surfaces. Généralement, la caissière vous jette un coup d’oeil distrait et dit bonjour sans vraiment vous regarder, car elle est déjà à scanner les premiers objets. Tel un robot, chaque objet est manipulé avec énormément de rapidité et de dextérité. À partir de ce moment, une atmosphère de compétition s’enclenche. Le but est de traiter le maximum d’objets dans un minimum de temps (selon les standards de la chaîne). Il n’y a pas de préposé à l’emballage, donc le client doit lui-même emballer ses provisions dans son ou ses sacs, et ce au même rythme que celui de la caissière assise devant sa numérisation. Aussitôt le dernier article traité, le total est annoncé et s’amorce la période d’attente permettant au client de payer en argent, avec sa carte bleue ou même parfois par chèque. Les clients suivants qui ont déjà déposé leurs objets sur le tapis roulant commencent déjà à s’impatienter. Dès que la monnaie est rendue, la caissière, après avoir distraitement dit bonjour au client suivant commence à scanner et à pousser vos objets sur un petit bout de comptoir à peine assez grand pour y déposer votre sac à provisions. J’ai toujours l’impression en ressortant de ces magasins d’avoir subi une hausse subite de stress non souhaité. Quelle différence à la maison où à mon épicerie locale la caissière souriante me reconnaît, échange quelques mots agréables tout en scannant mes achats et me donne tout le temps nécessaire à payer en faisant patienter la cliente suivante par l’échange de quelques paroles agréables !

Ainsi, je constate que dans la grande distribution en Europe, les hyper structures avec leurs mécanismes de contrôle extrêmement sophistiqués ont complètement déshumanisé le lien avec le client en employant du personnel à la clientèle dont le rôle devrait être d’être ambassadrices de la marque, mais qui au contraire nous apparaît complètement désabusé. Je dois, une fois n’est pas coutume, généraliser mon observation partout où nous avons voyagé à travers la France.

Nous avons l’habitude de nous arrêter dans les McDo pour y obtenir une connexion WiFi gratuite. Dernièrement, nous étions dans un de ces restos tout neufs en bordure de route. Voulant commander un café tout en traitant mon courrier électronique, quelle ne fut pas ma surprise de ne trouver aucune caisse ni caissière derrière le comptoir ! C’est une cliente qui m’avisa de commander et payer mon café à une borne et de me présenter au comptoir pour récupérer mes articles. Voilà comment McDo France semble vouloir régler le problème des caissières désabusées et sans doute de plus en plus difficiles à recruter. Saurons-nous nous prémunir de cette déshumanisation au Québec et au Canada ou sommes-nous condamnés à suivre le modèle américain et européen?

J’espère lire vos commentaires cette semaine.

Le carnet camping-car

Avec cette nouvelle rencontre cette semaine à Combo-les-Bains, notre liste de contacts québécois qui voyagent à bord de leur camping-car en Europe s’allonge.

Il y a Diane et Murray qui étaient en Bretagne récemment, Daniel et Denise qui sont également en Bretagne actuellement, Francine et André qui sont au Pays basque et qui se dirigent vers l’Espagne et nous qui sommes toujours au Pays basque. Un jour, lorsque tous seront revenus au Québec, nous aurions sûrement bien des histoires à nous raconter. Qui sait? Si vous connaissez d’autres voyageurs québécois en camping-car en Europe, vous pouvez m’en informer.


À très bientôt.

4 commentaires:

  1. bonjour, concernant le paragraphe d'ethnologie - tout à fait d'accord avec toi Yves - tu as su observé - et tu as constaté ces faits - c'est bien d'avoir des dires de la part de personnes venant de l'extérieur - mais il faut se dire "ce n'est plus la qualité" mais "la quantité"
    Magnifique ces jardins à COMBO LES BAINS et une ressemblance avec ceux de VERSAILLES -
    bonne continuation dans votre voyage - bisous

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  2. Intéressant la partie ethnologie. J'ai remarqué la même chose dans les grandes surfaces. En Bretagne on a fait affaires avec plus de petit commerces et cela n'a pas trop paru.
    Les Francais et particulièrement les Bretons sont très gentil avec nous quand ils savent que nous sommes Québécois.

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    1. Même constat pour nous, particulièrement à l'extérieur des grandes villes et sur les aires de camping-car. Nous pourrons comparer avec l'Espagne bientôt.

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