Le 10 juin 1944, vers 13h45, une division allemande de SS envahit le village. En représailles d'attaques récentes de la résistance et convaincus qu'une cache d'armes existait dans le village, 642 personnes seront tuées, dont un grand nombre de femmes et d'enfants brûlés vifs dans l'église. Après la fin de la guerre en 1945, il a été décidé de conserver les ruines du village dans leur état afin d'en faire un mausolée dédié à la paix.
Nous avons visité ce lieu quelque peu fantomatique avec beaucoup d'émotion, comme lors de notre visite du camp de concentration de Buchenwald en Allemagne il y a deux ans. Un moment propice à se rappeler que la démocratie est un principe très fragile, particulièrement lors de périodes bouleversées comme nous vivons actuellement et où les extrémismes de tout ordre reçoivent la faveur du public.
Carnet du camping-cariste
Une aire de camping-car gratuite est mise à disposition des visiteurs à proximité du site. Situé près du stade sportif, le lieu est parsemé d'arbres et de verdure et les nuits sont très calmes.
La rue principale où circulait un tram en provenance de Limoges et par où les troupes SS sont arrivées
Les vestiges de l'église où ont été brûlés vifs les femmes et les enfants.
Le village entier a été brûlé et dynamité avant le départ de la division SS en fin de journée du 10 juin 1944.
Lors de notre visite de la forteresse d'Angers, Chantal a éprouvé de plus en plus de douleurs au côté gauche, jusqu'à l'empêcher de marcher. Impossible de poursuivre notre voyage sans trouver la source de ce problème qui dure depuis quelques jours.
Nous avons donc décidé de retourner sur nos pas chez Martine (200 km) afin de consulter un médecin et de procéder à certains examens.
Nous avons utilisé les ressources médicales locales (centre de santé, laboratoire privé, centre de radiologie privé) avec succès. En raison de notre statut d'étranger et étant donné que nous sommes en voyage, nous avons pu couper les files d'attente qui ressemblent à celles du Québec. Finalement, tout est rentré dans l'ordre ou presque avec un peu de médication et cet incident nous aura permis de faire une pause d'une semaine. Nous reprenons notre voyage vers le sud cette fois.
Claude Gagnon est un producteur, scénariste, réalisateur, monteur, acteur et directeur de la photographie québécois. Le projet de Claude est fascinant. Il porte sur les origines et le parcours du célèbre Will James, alias Ernest Dufault (1892-1942), un artiste du Québec qui est au coeur du mythe américain par excellence; le western.
Afin de documenter son scénario, Claude parcourt l'Amérique à bord de son camping-car (VR) à la rencontre des témoins de cette fabuleuse épopée d'un Canadien-français à travers l'Ouest canadien et américain du début du XXe siècle.
En soi, cette épopée liée à la recherche des traces laissées par cet aventurier à travers l'Amérique mérite notre attention et notre intérêt, sans compter les péripéties du voyage en camping-car. Je vous invite à suivre cette aventure sur le site Facebook dédié à ce sujet et à consulter la filmographie de Claude Gagnon.
Nous avions envisagé de faire une halte à Angers dès le départ de notre périple le long de la Loire. Après avoir trouvé un lieu pour garer le camping-car et y passer la nuit (très bruyant, mais gratuit), nous avons découvert l'importante forteresse et ses nombreuses tours défensives de la couleur du schiste dominant dans la région.
La forteresse est édifiée sur un promontoire qui domine la Maine, un affluent de la Loire. Le site est occupé dès le néolithique du fait de sa position défensive stratégique. Par la suite, les comtes d'Anjou y installent leurs demeures, jusqu'à la fin de l'empire Plantagenêt qui voit le royaume de France conquérir le comté d'Anjou. Louis IX fait construire le château actuel au XIIIe siècle tandis que les ducs d'Anjou le transforment en résidence seigneuriale au XVe siècle. Yolande d'Aragon y donne naissance à René d'Anjou. Au XVIIe siècle, à la suite des troubles des guerres de religion, le roi ordonne la destruction du château, mais seule la partie supérieure des tours est détruite et remplacée par des créneaux et même un moulin à vent. Il est par la suite transformé en prison.
Le château est constitué d'un ensemble en partie défensif et en partie résidentiel composé du logis du Roi, de la magnifique chapelle, de la galerie du roi René et finalement du Châtelet. Plusieurs jardins décoratifs et fonctionnels dont certains situés le long du chemin de ronde complètent l'ensemble.
Le château vu de la Maine
La chapelle (gauche) et le logis du Roi (droite)
Les jardins, la chapelle et le châtelet (gauche)
Le jardin aromatique
Les vignes sur les remparts
Le vignoble
Notre visite dura plus de trois heures.
Le logis du Roi entièrement restauré à la suite d’un incendie en 2009 proposait une exposition du peintre Maurice de la Pintière (1920-2006). La particularité de ce peintre est d'avoir participé à la résistance en période de guerre en produisant des caricatures de l'occupant allemand et d'avoir été déporté dans des camps de concentration dont il revint malade, mais la tête pleine de souvenirs qu'il dessina à partir de 1946.
Paysages vendéens
Caricature dénonçant le travail obligatoire en Allemagne
Dernière période de sa carrière
Par ailleurs, l'attraction culturelle majeure du château est la présentation de la tenture de l'Apocalypse. L'Apocalypse d'Angers est une représentation de l'Apocalypse de Jean réalisée à la fin du XIVe siècle sur commande du duc Louis Ier d'Anjou. L'ensemble, composé de six pièces successives découpées chacune en sept tableaux, est exécuté d'après des cartons de Hennequin de Bruges et témoigne du prestige de son commanditaire. La tenture est léguée à la cathédrale d'Angers au XVe siècle par le roi René.
Après une longue période de négligence et de dégradations, elle est partiellement recomposée à partir du milieu du XIXe siècle, puis conservée et exposée dans le musée de la Tapisserie de l'Apocalypse.
Depuis quelques jours, nous sillonnons les villes et villages en bord de Loire en direction de Saumur. Un château dominant une petite ville attire notre attention et nous décidons de faire une halte anticipant la présence d'éléments architecturaux moyenâgeux que nous affectionnant tant.
Un peu d'histoire (Wikipedia)
Aux environs de l'an mil, la Touraine est convoitée par deux seigneurs : le comte d'Anjou, Foulques Nerra, et le comte de Blois, Eudes Ier. À la fin du xe siècle, Foulques Nerra conquiert la place de Langeais, non loin de Tours. Un château est alors fondé sur le promontoire, afin de défendre les limites orientales de l'Anjou. Il ne reste de cet ensemble que les vestiges du « donjon ». Langeais connaît ensuite une histoire mouvementée, tour à tour occupée par les comtes de Blois et d'Anjou. En 1044, Langeais passe, avec toute la Touraine, entre les mains des Plantagenêts, puis dans celle des rois d’Angleterre, leurs héritiers.
C'est en 1206 que Langeais entre dans le domaine royal français, par suite des victoires de Philippe Auguste sur Jean sans Terre. À partir de cette période, le fief de Langeais est concédé à divers grands seigneurs proches du pouvoir royal.
C'est au château de Langeais que fut célébré, le 6 décembre 1491, le mariage d'Anne de Bretagne et du roi de France Charles VIII, premier pas du rattachement du duché de Bretagne au royaume de France.
Au loin, le château de Langeais dans toute sa splendeur médiévale
Le lieu est consacré dès le 4ème siècle par Saint Martin, évêque de Tours qui fonde une première église à Langeais. La trace en a disparu. Au 10ème siècle, Foulques Nerra fit construire, à la même époque que son donjon, une deuxième église dédiée à St Jean Baptiste. Cette église a subi de nombreuses transformations au cours des siècles : son chevet fut modifié au 11ème siècle, puis le clocher au 12ème.
Vue intérieure de l'église Saint-Jean-Baptiste
Ajout réalisé au XIXe siècle
Histoire de l'église Saint-Jean-Baptiste. Cliquez pour agrandir.
Cité médiévale Bonneval en Eure et Loir, était une ville fortifiée, bordée de fossés alimentés en eau par le Loir, un affluant du fleuve la Loire. Les murs d'enceinte comportaient au XIIIe siècle six tours rondes et étaient percés de sept portes.
Heureuse initiative de la commune, nous parcourons les fossés remplis d'eau à bord d'un petit bateau électrique, une façon différente de visiter les divers vestiges toujours en place, mise en valeur par les citoyens de la ville.
La flotte des bateaux électriques
Partout d'anciens lavoirs sur le Loir.
La Tour du Roi, ancien donjon du XIIIe siècle.
L'église Notre-Dame de Bonneval est un exemple remarquable de l'art religieux du XIIIe siècle de style gothique primitif.
Elle mesure 47 mètres de longueur et 20 mètres de largeur. Le début de sa construction la rend contemporaine de la Cathédrale de Chartes située à quelques kilomètres.
Près de dix-huit mois se sont écoulés depuis notre dernière venue en Europe. Les problèmes de santé étant maintenant résolus, nous reprenons nos errances européennes à bord de notre camping-car. Au départ d'Orléans, nous comptons parcourir de nouvelles régions de France et de Navarre, plusieurs régions d'Espagne, du Portugal et finalement du Maroc.
Comme toujours, notre itinéraire se modifiera au rythme de nos visites, des gens que nous rencontrerons et des découvertes qui se profileront à l'horizon.
Nous vous invitons à nous suivre au fil des mini-reportages que nous publierons dans ce blogue au cours des prochains mois. N'hésitez pas à nous laisser des commentaires, car nous y sommes sensibles.