lundi 14 décembre 2015

Le Maroc Atlantique, de Asilah à Essaouira

Nous terminons une semaine très active. Bien sûr, nous entrons tout doucement dans le mode de vie marocain et laissons tout aussi lentement le mode de vie européen derrière nous. Nous réalisons nos premiers achats au marché dans les petits villages auprès des cultivateurs qui nous offrent des produits frais. Évidemment, nous optons pour les grandes surfaces pour nous approvisionner en viande et autres produits d’importation non disponibles dans les souks. Il faudra sûrement  encore quelques semaines pour découvrir toutes les subtilités de la négociation ce qui devrait nous permettre de nous défaire de cette impression de toujours nous faire avoir!

Du côté conduite automobile, il faut faire preuve d’extrême prudence autant dans les villes et villages que sur les routes secondaires et nationales que nous empruntons la plupart du temps. Piétons, ânes, charrettes, moutons, boeufs sont autant d’obstacles imprévisibles dans les campagnes. En ville, ce sont les automobilistes et particulièrement les  milliers de taxis qui sont imprévisibles. Notre stratégie demeure toujours la même, conduire lentement mais sûrement. Ne jamais hésiter et au pire toujours donner priorité. Ainsi, malgré les mimiques et autres onomatopées de Chantal, nous avons réussi à nous rendre jusqu’à Essaouira sans encombre.

Rabat

Après avoir fait une escale à Larache et contourné Kénitra, nous avons fait escale à Rabat, la capitale. Grâce aux informations recueillies à différentes sources, nous avons établi notre bivouac dans un parking gardé au pied de la casbah (citadelle) et en face de la médina (vieille partie musulmane de la ville), en bord de mer.

Notre plus récentes visite en pays musulman (Tunisie) date déjà de quelques années. C’est  donc avec un sentiment de découverte et d’étrangeté que nous nous sommes immergé dans cet univers tellement différent de l’Occident.
Première surprise, un habitant de la casbah nous invite à visiter sa maison qu’il a récemment entièrement restauré selon le style original à son retour au pays après avoir travaillé quarante ans en France.

La médina tant qu’à elle est bien conforme à nos souvenirs de Tunisie. Bourdonnement de la ruche d’abeilles des résidents qui y font leur emplettes quotidiennes ou encore y viennent afin de socialiser avec les boutiquiers et les artisans. Le tout se déroule sous l’oeil vigilent du muslim qui régulièrement, du haut-parleur de sa mosquée, fait l’appel à la prière.

Rabat c’est aussi la ville royale avec ses grands boulevards et une modernité certaine. Malgré ces apparats royaux, nous sentons le calme relatif de la cité qui sans doute, à l’image des autres capitales du monde, se veut un lieu de beauté et de sécurité exemplaire.

Casablanca 

Sur recommandation de plusieurs Marocains et aussi de visiteurs, notre centre d’intérêt pour la capitale économique du Maroc était la grande mosquée Hassan II. Pour une raison qui nous échappe toujours, notre GPS nous a fait traverser la ville du nord au sud alors qu’il existe une route de contournement qui nous aurait menés directement à la Grande Mosquée.

La circulation de cette ville est assez chaotique. Une seule recommandation à tous les futurs visiteurs, étudiez bien votre parcours optimal avant d’aborder la ville, ou encore stationnez à l’extérieur et laissez-vous conduire à destination. Après quelques sueurs froides, nous avons finalement atteint notre but et avec facilité nous avons stationné le camping-car juste en face à  quelques mètres de la mosquée.
 
Les qualificatifs pour décrire ce chef-d’oeuvre architectural sont nombreux. Gigantesque,  monumental, unique en sont quelques-uns. Il est difficile de croire qu’un tel monument ait pu être construit en si peu de temps, par autant d’artisans et avec une complexité si énorme. Deux mille cinq cents ouvriers et dix mille artisans y ont travaillé pendant six ans. Le résultat est fabuleux. Tout nous a impressionnés, mais la surprise non planifiée fut celle du toit ouvrant laissant pénétrer la lumière du soleil sur l’immense salle de prière pouvant accueillir vingt-cinq mille personnes. Tout est superlatif dans cet ensemble comprenant la mosquée, des salles d’ablution, des hammams, des bains turcs, un centre de conférence, une bibliothèque et encore plus.

El Jadida 

El Jadida et Azemmour que nous avons visité la même journée sont d’anciennes cités fortifiées portugaises. Les murs ont été restaurés à différentes époques, mais les bâtiments des casbahs sont peu ou pas remis en état. Il est intéressant d’arpenter ces anciennes enceintes et de voir la vie quotidienne des populations habitant ces vieilles villes. Un attrait important à El Jadida est la citerne de la casbah, cependant elle était fermée pour restauration. Il est toujours surprenant de voir les vestiges des églises de style baroque dans une ville essentiellement musulmane.



Oualidia

Les paysages maritimes le long de la route  côtière après Casablanca sont époustouflants. Les falaises abruptes de terre rouge bloquent les attaques énergiques de l’Atlantique. La forte houle provenant de la haute mer vient se briser avec fracas à la base de ces falaises. De là se dégage une impression de force et de puissance inégalable. C’est donc au détour de cette route perchée au haut de la falaise  que nous découvrons la magnifique lagune d’Oualidia. Difficile de ne pas penser aux pilotes de l’aéropostale qui ont survolé ces côtes, naviguant à vue vers le Sahara.Cette petite ville balnéaire avec ses nombreuses copropriétés, ses restaurants réputés, sa magnifique plage de sable fin nous a suffisamment séduites pour que nous nous y arrêtions deux jours consécutifs. Elle avait également conquis le précédent Roi du Maroc qui y avait fait construire un palais qui est toujours gardé par la troupe.

Safi

Four traditionnel
Toujours sur la côte, la ville de Safi est réputée pour ses artisans potiers. Nous nous sommes donc arrêtés à proximité de la vieille médina juste en face de la colline où sont regroupés depuis toujours les artisans potiers. Un aimable personnage nous a fait visiter la colline où nous avons pu voir le processus de fabrication de ces poteries dans divers ateliers incluant la cuisson dans les fours  traditionnels au bois et un four moderne au gaz. Au terme de la visite, nous avons eu à subir un tir barré d’arguments pour forcer la vente de pièces artisanales dans une supposée coopérative. Cette expérience déplaisante qui s’est poursuivie dans la médina située juste en face et jusqu’au stationnement pourrait s’expliquer par l’absence chronique de touristes (voir la chronique société ci-dessous).

Cimetière des potiers
Au sortir de la ville, nous avons parcouru une route parsemée d’usines de transformation de la sardine. Ces immenses bâtiments en face desquels des dizaines de travailleuses en habit de travail imperméables prenaient leur pause-repas, et d’où s’échappaient des rubans de fumées de vapeur nous préparaient sans doute à ce que nous allions découvrir quelques kilomètres plus loin. En effet, nous avons traversé sur plusieurs kilomètres une zone portuaire et industrielle immensément importante (traitement de la bauxite), d’où s’échappaient des fumées et des gaz qui couvraient le soleil pour ne laisser filer qu’un halo blanc comparable à ce que j’ai souvent vu en Chine. Au sortir d’un atelier de potier dont les méthodes de travail n’ont pas changé depuis des siècles puis être confronté à un hypercomplexe industriel quelques kilomètres plus loin est pour le moins déroutant. Déroutante également est la route de Safi à Issaouira. Le guide Michelin nous avait prévenus que pour parcourir les 125 kilomètres il fallait trois heures en raison de l’état dégradé de la route. En effet, la route est toujours dégradée et de plus, puisque nous étions vendredi, une grande quantité de paysans voyageaient à bord de leur charrette tirée par un âne ou sur un âne ou encore à pied pour se rendre ou revenir de la mosquée. La route fut longue, mais tellement pittoresque.

Essaouira 

Depuis longtemps, nous rêvions de découvrir la blanche Essaouira. Nous avons trouvé un petit camping  confortable en bordure de la ville et nous nous y sommes installés pour quelques jours. Évidemment, la ville est touristique et une partie de sa médina a été squattée par de petits hôtels de charme aménagés dans des Riad, des restaurants et des boutiques  destinés aux touristes. Il demeure toujours une grande partie de la médina fréquentée par la population avec son souk, ses mosquées et même ses vieilles synagogues.

Le port de pêche est très actif. Les pêcheurs vendent leur poisson à la criée et de nombreux cuisiniers font griller le poisson à la demande.

En cette saison, les touristes sont peu nombreux, mais les résidents fréquentent la  médina et le port afin de s’approvisionner,  particulièrement en ce dimanche, jour de congé consacré à la famille.

Société

Partout où nous sommes passés jusqu’à maintenant, les commerçants se plaignent de l’absence des touristes. Nous ne connaissons pas les statistiques exactes, mais il semble bien qu’en raison des attentats de Paris et de la menace terroriste le pays soit moins visité qu’à l’habitude. Jusqu’à maintenant, nous n’avons constaté aucune insécurité dans les villes et villages visités. Seulement à Rabat, capitale et ville royale, nous avons pu observer des mesures de sécurité accrues et rassurantes.


À bientôt.

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