dimanche 6 février 2011

Darwin, la technologie et les affaires. S’adapter ou mourir!

C’est en lisant un éditorial du Sydney Morning Herald sur la terrasse de l’hôtel où je séjournais à Sydney le 27 janvier dernier que cette réflexion sur la nécessité d’adaptation m’est venue.

Depuis mon arrivé en Australie, au contact de cette société tellement moderne, à la fois comparable à l’Amérique ou à l’Europe, mais où tout se passe à l’envers de nous, de la conduite automobile à gauche jusqu’à la circulation sur les trottoirs et dans les escaliers mécaniques, je réfléchis à l’adaptabilité de l’humain dans ses habitudes et ses façons de faire. Si on fait abstraction de la culture aborigène, qui comme partout, a été ignorée par les colonisateurs anglais, je me retrouve dans une société à tradition britannique qui a su, au cours des 250 dernières années, adapter son mode de vie, son architecture, ses habitudes alimentaires et ses pratiques d’affaires à son environnement naturel, climatique et géographique. Encore plus, c’est en visitant le zoo de Sydney et les curieux animaux qui y vivent, que cette idée de l’application de la théorie de l’évolution de Darwin (http://fr.wikipedia.org/wiki/Évolution_(biologie) au milieu des affaires ici en Australie, mais aussi partout à travers le monde m’est venue.

La bulle technologique
Prenons l’exemple des sociétés formées à l’époque de la bulle technologique de la fin des années 90. Combien ont survécu à l’éclatement de 2000-2001? Un grand nombre sont carrément disparues avec comme conséquence des pertes énormes pour les investisseurs qui avaient parié sur l’apparition soudaine d’un monde technologique nouveau que personne ne comprenait vraiment. Les autres ont fait l’objet d’acquisitions à vil prix par des entreprises qui avaient une plus grande capacité d’anticipation. Tout comme l’avançait Darwin, seuls les plus forts et ceux qui ont une grande capacité d’adaptation survivent. À preuve, quelles sont les entreprises technologiques dominantes 10 ans plus tard? Souvenez-vous de Cognicase et de beaucoup d’autres.

Le voyage
Prenons maintenant l’exemple du domaine du voyage, un domaine auquel je suis particulièrement intéressé. Le développement des sites internet permettant de recueillir de l’information, de valider ces informations, de dénicher les aubaines et de réserver en ligne a été tellement fulgurant au cours des dernières années que les traditionnelles agences de voyages sont en péril. Elles cherchent par tous les moyens à s’adapter à la situation en misant sur le traditionnel “votre voyage est assuré par le fonds d’indemnisation” et en offrant à leur tour leurs meilleures aubaines sur leur site internet.

Mais pour combien de temps les grossistes, les compagnies aériennes et les hôteliers auront-ils encore besoin d’un agent de voyage et son agence ayant pignon sur rue pour les représenter? Voilà un autre exemple bien concret de la théorie «s’adapter ou mourir».

Le courtage immobilier
Que penser du domaine du courtage immobilier? Le succès d’offres de service sans commission telle que celle faite par «Duproprio.com» sur le net est annonciatrice de changements majeurs dans ce domaine d’activité.
Grâce à la technologie, les vendeurs comme les acheteurs de maison sont de mieux en mieux informés et avisés dans leurs transactions en ayant accès à une somme d’information égale et parfois même supérieure  à celle détenue par le courtier traditionnel et peuvent, pour plusieurs, très bien se passer des services du courtier immobilier pour arriver à conclure une vente ou un achat. Encore une fois, seules les entreprises pouvant adapter rapidement leur offre de service pourront survivre au cours des prochaines années. Il leur reste à trouver comment.

Les télécommunications
Un autre domaine technologique où les conditions de marché changent au rythme de l’avancement d’une tornade est le secteur des télécommunications. Au cours des vingt dernières années, nous avons assisté au phénomène de concentration et puis de convergence. Dans le domaine de la téléphonie et de la télédiffusion, seule la réglementation fédérale permet de garder un certain équilibre des forces du marché, mais au seul profit des entreprises qui ont la capacité de fixer la tarification à un seuil nulle part égalé ailleurs dans le monde. Mais, même le marché de la téléphonie cellulaire, de la distribution des signaux télévisuels et de l’échange de données sont soumis au processus d’adaptation. Il est prouvé maintenant que la jeune génération délaisse la télévision au profit d’internet et des sites de distribution vidéo qui offrent encore plus que de la télé sur mesure. Les conférences vidéo et les conférences téléphoniques via le Web sont accessibles à tous totalement gratuitement sur des plates-formes telles que Skype à condition de bénéficier d’un lien Wi-Fi. À titre d’exemple, j’ai suspendu mon lien cellulaire sur mon iPhone durant mon présent voyage au profit de l’utilisation de Skype pour l’ensemble de mes communications. Les lignes terrestres sont délaissées, autant par les individus que par les entreprises au profit des liens Web. Les entreprises de télécommunication sont sommées d’investir dans les réseaux à haut débit partout au pays. Jusqu’à maintenant les grandes entreprises de télécommunication ont réussi à garder un certain niveau d’adaptabilité souvent au détriment de la qualité du service. Je n’ose même pas aborder le sujet de mes déboires avec la supposée offre de service intégrée de Bell Canada!

Information écrite, musique,etc.
Parlons maintenant du domaine de l’information écrite, de l’édition et de la musique. On assiste actuellement à une bataille de titans afin de prendre le marché des tablettes (iPad et autres) et conséquemment celui de l’information, de  l’édition, de la publication des livres électroniques et de la musique (Amazon, iTunes, etc.). Quel sera le nouveau modèle d’affaires pour les maisons d’édition, pour les distributeurs et même pour les écrivains, rédacteurs, journalistes, musiciens, chanteurs et producteurs de toute nature? Encore une fois seuls les plus forts survivront. On peut décrier cette situation, mais on assiste ici à une pure application de la théorie de l’évolution énoncée par Darwin! Cette transformation risque de laisser de nombreux cadavres sur la voie du changement.

Le jeu
Que dire du domaine du jeu, les casinos et les machines à sous virtuels se content par centaine sur le Web, souvent localisé à Vanouatou, aux Îles Vierges Britanniques ou dans une réserve indienne à l’abri de la taxation, privant d’autant les gouvernements mondiaux des revenus conséquents.


Comment les casinos et leurs propriétaires gouvernementaux pourront-ils survivre faute d’adapter leur offre?

Le commerce de détail
Que peut-on envisager du côté du commerce de détail? Bien que la croissance du commerce de détail sur internet soit encore relativement faible, il semble qu’un grand nombre de biens de luxe (électronique, etc.) soient maintenant acquis directement du manufacturier ou d’un grossiste escompteur sans l’intermédiaire d’un détaillant. Viendra-t-il le jour où les boutiques de la rue Sainte-Catherine seront vides faisant par le fait même chuter la valeur de l’immobilier? Déjà, les pratiques de télétravail affectent la location d’espaces à bureaux dans les grands centres.

Le domaine financier
Malgré la crise financière affectant l’ensemble de l’économie mondiale, les plus riches deviennent de plus en plus riches et les paradis fiscaux abritent de plus en plus de capitaux à l'abri de la taxation. Cependant, des changements semblent se pointer à l’horizon. Les gouvernements du monde manquent de revenus pour financer leurs programmes sociaux. Des pressions insistantes sont mises sur les états délinquants pour que l’information demandée sur les sociétés et les individus bénéficiant de ces régimes soient fournis aux administrations requérantes. Les grandes banques internationales (Offshore) sont de plus en plus nerveuses. Les cas de coulage des listes d’investisseurs dans les paradis fiscaux sont de plus en plus fréquents que ce soit par vengeance, par souci d’équité ou pour toute autre raison, cette menace est bien réelle. WikiLeaks a déjà publié ce type d’information et le fera sûrement encore. Personne, ni aucune entreprise, ne sont à l’abri de telles révélations sur le Web avec les conséquences qui pourront en résulter. Déjà les choses changent. Certains états comme la Suisse ont commencé à changer leur pratique. Certains gouvernements pensent à réajuster le coût de la taxation à un niveau disons confortable, permettant ainsi de garder les profits de ces entreprises sur le territoire tout en éliminant le risque du scandale public. Qui saura s’adapter remportera sans doute la faveur des entreprises en priorité. Il restera à trouver la solution pour les revenus illégaux!

Conclusion
C’est un réel cliché de dire que nous sommes dans un monde en changement. Ce qui ne peut être un cliché, c’est la rapidité avec laquelle ces changements s’opèrent. Il ne se passe pas un trimestre sans qu’une avancée technologique ou scientifique majeure ne soit annoncée, commercialisée et promue à travers la planète. Jamais n’a t’on vu une telle rapidité de communication de l’information au service du développement humain. Aussi les entreprises tout comme les individus doivent-ils remettre en question leur façon de faire, leur offre de service et même leur avenir, non pas en établissant des plans quinquennaux ou triennaux comme à la bonne époque où le temps ne comptait pas, mais annuellement, et mieux encore semestriellement.

Monsieur Darwin  a constaté en son temps que les êtres vivants avaient la capacité de s’adapter à leur environnement et que ceux qui n’y parvenaient pas étaient condamnés à disparaître. Fondamentalement, la théorie de l’évolution demeure la même aujourd’hui comme il y a un million d’années. Ce qui distingue notre époque, lorsqu’appliqué au domaine des affaires, c’est le temps. Faute de temps pour nous adapter sommes-nous professionnellement et économiquement condamnés à disparaître? Est-ce que tout va trop vite? Peut-être!  ❒



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