Marrakech, Bab Er-Robb, XIIe siècle |
Notre visa de tourisme de 90 jours venant bientôt à terme, il est temps de reprendre la route vers le nord. C’est pourquoi nous nous sommes dirigés vers Marrakech en début de semaine en longeant les montagnes enneigées de l’Atlas.
Un paysage majestueux mêlant le blanc des sommets au gris, ocre et rouge des montagnes sur fonds vert des fertiles vallées traversées. Ces images nous ont laissé une impression de force et de puissance de la nature comme nous en avons rarement ressenti. La ville de Marrakech est posée sur un plateau à distance raisonnable de ces montagnes qui ont continué à nous offrir une vue éblouissante pendant tout notre séjour dans cette ville. Nous nous sommes installés dans un camping sur la route de l’Ourika qui fut l’oeuvre d’un Québécois décédé subitement il y a deux ou trois ans.
Marrakech
Marrakech est avant tout une ville touristique. On y retrouve vraiment tous les contrastes du Maroc. À la fois, tradition, histoire, modernité, richesse et pauvreté s’y mêlent allègrement.
Place Jemaa el-Fna au matin |
Les souks |
Marrakech c’est aussi une ville historique dotée de plusieurs monuments architecturaux, assez difficile à repérer. Habituellement localisés au milieu d’un fouillis de ruelles occupées par des milliers de boutiquiers, il faut vraiment avoir le sens de l’orientation, car les panneaux indicateurs sont quasi inexistants. Faisant preuve de beaucoup de détermination, avec quelques renseignements recueillis auprès des boutiquiers en échange d’une visite de leur petit local, nous avons réussi à trouver quelques splendeurs cachées derrière de hauts murs.
Mosquée La Koutoubia
La construction de la mosquée Koutoubia ou mosquée des libraires commença sous la dynastie berbère des Almoravides en 1120. Elle fut profondément remaniée à partir de 1162 sous le calife Almohade Abu Yusuf Yaqub al-Mansur, et devint l'un des édifices les plus caractéristiques de ce style. Son nom vient du fait qu'elle se situait dans le souk des marchands de manuscrits.
Ses 17 nefs, soutenues par de nombreux piliers blancs, abritent l'une des plus vastes salles de prière de l'Occident musulman (90 × 60 m) pouvant accueillir jusqu'à vingt mille fidèles. Le bâtiment a été restauré dans l'esprit du monument original en 1990.
Madrasa Ben Youssef
La grande cour |
Porte d'une cellule d'étudiants |
Gravure sur stuc |
Porte d'une cellule d'étudiants |
Mausolées Saadiens
Les tombeaux Saadiens datent de l'époque du sultan Ahmed al-Mansur Saadi (1578-1603). Ces tombeaux furent découverts que vers 1917, puis restaurés par le service des Beaux-Arts.
Le mausolée abrite les corps d'une soixantaine de Saadiens, dont Al-Mansour, ses successeurs et sa famille. L'édifice est composé de trois salles. Le mausolée le plus prestigieux est la salle des douze colonnes. Cette salle abrite la tombe du sultan-fils Ahmed El Mansour. Sa coupole en bois de cèdre ouvragé, et les stucs sont finement travaillés, les sépultures y sont en marbre de Carrare. Ce mausolée constitue un très bel exemple de l'art décoratif hispano-mauresque.
À l'extérieur se trouvent les tombes des soldats et serviteurs et un jardin de la nécropole.
Palais de la Bahia
Chantal sur fond de zellige |
Les jardins |
Premiers vitraux du Maghreb |
Lors de notre visite, le palais était orné de nombreuses pièces d'art contemporain exposées dans le cadre de la biennale de Marrakech.
Palais Dar Mnebhi
Œuvre de Mehdi M'nebhi, ministre de la guerre, à l'époque du Sultan Moulay Abdelazize, le palais Dar Mnebhi a été construit entre 1894 et 1908.
Ce palais expose élégamment le mélange des cultures orientales et occidentales, grâce aux multiples voyages en Europe et aux nombreuses influences artistiques de son créateur. Aujourd'hui, il abrite le musée d'art contemporain et du patrimoine traditionnel de Marrakech depuis sa restauration à la fin des années 1990 par le collectionneur Omar Benjelloun.
La maison Tiskiwin
Le Musée Tiskiwin a été fondé par Bert Flint, qui est né en 1931 aux Pays-Bas où il a fait ses études en langue et littérature espagnoles à l’Université d’Utrecht.
Une visite à l’Alhambra de Grenade a éveillé en lui un vif intérêt pour l’Histoire de l’Espagne musulmane et la civilisation d’Al Andalous. - Lors de son premier voyage au Maroc en 1954, il a pu voir que l’architecture et la décoration intérieure de nombreuses demeures privées dans les villes anciennes de ce pays se rattachent à la même tradition artistique que celle qui a inspiré l’art de l’Alhambra. Plus étonnant pour lui a été de constater que les habitants de ces maisons mènent une vie dans laquelle la quête quotidienne de la beauté dans la présentation et de l’élégance dans le geste paraît le but même de l’existence.
La tradition andalouse comme elle est encore vécue au Maroc s’est révélée alors à Flint comme un modèle de vie et il a décidé de s’installer à Marrakech (1957) afin de s’initier dans les différents aspects de cette tradition citadine si parfaite. Paradoxalement, cependant, ce sont les manifestations visuelles et musicales du monde rural marocain qui ont progressivement retenu son attention et qui ont finalement exercé une telle attraction sur sa sensibilité artistique qu’il s’est converti, d’un amoureux nostalgique de la tradition citadine héritée d’Al Andalous, en défenseur passionné de la culture rurale marocaine. Dans plusieurs aspects de celle-ci, il a reconnu les liens profonds qui unissent le Maroc au monde saharien et au continent africain.
Pour mieux comprendre ces liens, il a concentré ses recherches, ces dernières années, sur la culture matérielle des populations de la diaspora saharienne en s’appuyant sur des objets de sa collection personnelle qui englobe tout le nord ouest-africain et qui concerne plus spécialement le domaine de l’art de la parure.
Le circuit de l'exposition est organisé comme un voyage allant de Marrakech à Tombouctou. Le Sahara n’est pas ce désert vide que l’on imagine, il a ses habitants et possède même plusieurs foyers actifs de culture et d’art dont l’origine remonte à la préhistoire. D’autre part, il est vrai que la désertification a amené plusieurs peuples à abandonner l’espace saharien proprement dit pour des régions périphériques au sud et au nord du Sahara. Ces peuples de la diaspora, établis dans les pays du Sahel et du Maghreb, sont restés attachés à la grande tradition saharienne dans le domaine de l’art de la parure et ils s’y expriment avec autant d’éclat et de raffinement que ceux qui habitent encore le Sahara.
Nous avons eu la chance de croiser monsieur Flint, maintenant âgé de 85 ans, à la fin de notre visite. Il a fait don de son Riad et de ses collections à une fondation administrée par l'université de Rabat. Plusieurs tapis de sa collection ont été donnés au musée berbère des Jardins de Majorelle.
Les jardins de Majorelle et Musée berbère
Vue sur le jardin |
En 1922 il achète une palmeraie en bordure de celle de Marrakech, au nord-ouest de la médina, et en 1931, il fait construire par l'architecte Paul Sinoir sa villa style architecture mauresque / art déco d’une étonnante modernité, inspirée de l'architecte Le Corbusier. Il y aménage son habitation principale au premier étage et un vaste atelier d'artiste au rez-de-chaussée pour peindre ses immenses décors.
Amoureux de botanique, il crée son jardin botanique inspiré de jardin islamique avec la luxuriance d'un jardin tropical autour de sa villa, « un jardin impressionniste », « une cathédrale de formes et de couleurs », structuré autour d'un long bassin central, avec plusieurs ambiances variées, où se nichent des centaines d’oiseaux. Ce jardin est une œuvre d'art vivante en mouvement, composé de plantes exotiques et d'espèces rares qu'il rapporte de ses voyages dans le monde entier : cactus, yuccas, nénuphars, lotus, nymphéas, jasmins, bougainvillées, palmiers, cocotiers, bananiers, bambous, caroubiers, agaves, cyprès ... et orné de fontaines, bassins, jets d'eau, jarres en céramique, allées, pergolas ...
Le bleu Majorelle |
À la suite d'un accident de voiture, Majorelle est rapatrié à Paris où il disparaît en 1962. Le jardin est alors laissé à l'abandon durant plusieurs années.
Le mausolée Yves Saint Laurent |
Disparu le 1er juin 2008 à Paris, les cendres d'Yves Saint Laurent sont dispersées dans la roseraie de la villa Oasis et un mémorial, composé d’une colonne romaine ramenée de Tanger posée sur un socle où une plaque porte son nom. Le 3 décembre 2011, le musée berbère est inauguré au rez-de-chaussée de la villa.
Chronique camping-car
Chantal et sa coiffeuse allemande sur un camping à Taghazout. |