mercredi 7 septembre 2016

Amsterdam sans vélo

Ironiquement, pendant les quelques jours où nous avons séjourné à Amsterdam nous n’avons jamais enfourché nos vélos. Comme dans toute grande ville, il faut savoir s’orienter, comprendre le système de transport en commun, comprendre où sont situés les sites que nous désirons visiter, comprendre l’affichage dans une langue pour laquelle nous n’avons aucune référence. Cela est sans doute dû à l’âge, mais compte tenu de la circulation intense des vélos et scooters qui peuvent emprunter les voies cyclables, du trafic urbain composé de trams, autobus, voitures et camions, de l’étroitesse des rues, des difficultés de stationnement sécuritaire des vélos (le nombre de vols est très élevé), nous avons choisi le mode «pedibus». Fatiguant, mais c’est le seul moyen de transport qui nous a permis de découvrir les recoins adorables de cette ville bruyante, surpeuplée, mais charmante somme toute.

Aire de camping-car

Nous nous sommes installé sur l’aire de camping-cars située en face de la ville sur une friche industrielle qui fut pendant de nombreuses années le siège de tous les mouvements alternatifs des Pays-Bas. Comme de nombreux quartiers entourant la vieille ville, les anciens bâtiments industriels sont en voie de reconversion et de nombreux édifices sont en construction. On y retrouve une combinaison de locaux servant à recevoir les entreprises de la nouvelle économie, des hôtels et des appartements de luxe.  Les architectes et les designers peuvent ainsi exprimer leur créativité à l’instar de leurs ancêtres du XVIe et du XVIIe de l’autre côté de l’Amstel.

Afin de nous rendre en ville, nous avons emprunté un ferry matin et soir qui nous amenait directement à la gare Centrale construite sur l’emplacement de la première digue qui servait à protéger la ville contre les attaques de la mer.



La ville médiévale

Située en face de la gare, cette partie de la ville est encore parsemée de nombreux canaux qui à l’époque permettaient le transport des marchandises depuis et vers la mer. Bien qu’au fil des siècles plusieurs de ces canaux aient été comblés afin de permettre de nouvelles constructions, l’ensemble nous replonge dans l’atmosphère de l’époque avec ses maisons étroites à plusieurs étages avec leur façade inclinée vers la rue et le canal permettant ainsi de transborder plus facilement les marchandises à l’aide de la poulie installée dans le faîte de la maison.
Marcher dans ces petites rues arborées qui longent les canaux nous inspire paix et sérénité. Il faut cependant éviter les rues marchandes qui sont pour la plupart piétonnières où les grandes marques s’affichent les une après les autres au rez-de-chaussée des maisons bourgeoises transformées en McDonald, Zara et Kentucky Fried Chicken. Contrairement à Venise, la ville-musée, à laquelle Amsterdam est souvent comparée à tort en raison de l’omniprésence de l’eau, ici la ville vit au XXIe siècle dans un décor datant de la Renaissance. Est-ce mieux? La réponse n’est pas claire et sans doute les opinions sont aussi multiples que les préférences des visiteurs et des Amstellodamois.

Les musées

Selon mes lectures et mes goûts en matière de peinture, Amsterdam est avant tout la ville de Rembrandt et de Van Gogh. Bien sûr, sachant que Van Gogh n’y trouva pas nécessairement son inspiration, mais plutôt ses origines. C’est aussi la capitale de la peinture flamande, particulièrement le XVIIe que j’apprécie particulièrement avec ses scènes réalistes et souvent narquoises décrivant la vie quotidienne à cette époque. Sans doute un dérivé de mes goûts pour la peinture naïve.

L’icône muséale des Pays-Bas, le Rijksmuseum

Rouvert depuis l’année dernière après un réaménagement majeur, ce temple dédié à l’art Flamant du XIVe au XIXe siècle est franchement impressionnant.

Chantal dans la fontaine du musée
Cela nous aura pris une journée entière pour parcourir l’ensemble des salles réparties sur plusieurs étages dans plusieurs bâtiments anciens et nouveaux. Le magnifique jardin attenant au musée a été particulièrement apprécié pour prendre un peu de repos en fin de journée. La visite de musées est vraiment un sport extrême pour les jambes!

Le musée Van Gogh

Le peintre fut très prolifique à la fin de sa courte carrière au moment où il peignait  en Bretagne et dans le sud de la France. Son frère Théo qui était marchand d’art à Paris fut la personne la plus proche de Vincent. Une abondante correspondance exposée et commentée dans une section du musée en témoigne. À sa mort en 1890, Théo hérita des tableaux de Vincent qui par la suite furent transmis à la famille de Théo, ce qui permit la création de la fondation qui gère le musée hébergé dans un bâtiment moderne aux allures futuristes. Nous y avons vu des tableaux que nous n’avions jamais vus auparavant, même dans des expositions dédiées à Van Gogh à Montréal, New York ou Washington.
Van Gogh autoportrait
Rijksmuseum
La fondation semble gérer les images Van Gogh de manière ultra serrée. À preuve l’interdiction de prendre des photos à l’intérieur du musée et un service de sécurité omniprésent pour assurer le respect de cette directive. Malgré le plaisir d’avoir vu des tableaux exclusifs portant sur l’ensemble de la carrière de l’artiste depuis ses débuts aux Pays-Bas jusqu’à son suicide dans le sud de la France, il nous est resté une drôle d’impression d’exploitation commerciale démesurée d’un artiste qui n’a jamais su profiter de son talent exceptionnel pour vivre avec le moindre luxe.

Le quartier rouge

Évidemment, il était impensable de ne pas visiter ce quartier connu du monde entier. Nous avons parcouru les quelques rues et ruelles du quartier où s’exposent les jeunes femmes dans des vitrines louées à l’heure ou à la journée. Que dire de plus? Quelle tristesse pour ces jeunes femmes dont le mac au bout de la ruelle surveille les performances! C’est quand même le plus vieux métier du monde, semble-t-il!

La vie chère

Les Pays-Bas en général, Amsterdam en particulier, ne sont pas des destinations pour budgets modestes. Tout y est plus cher qu’ailleurs dans les pays limitrophes. Des pratiques sont également surprenantes. À titre d’exemple, nous nous rendons dans un restaurant McDonald pour avoir accès à une borne WiFi gratuite. L’accès aux toilettes est payant ( 50 centimes), que vous soyez client ou pas. En fin de journée, le budget «toilette » peut être significatif! L’aire de camping-car est à 21 euros. Il faut compter 8 euros par jour de plus pour l’électricité. Un passage de tram est à 2,90 euros. L’entrée au Rijksmuseum est à 17,50 euros et 17 euros au musée Van Gogh. La table d’hôte des restos est rarement à moins de 20 euros à midi sans alcool. Tout cela converti en dollars canadiens nous fait conclure qu’Amsterdam est parmi les villes les plus chères que nous ayons visitées jusqu’à ce jour au cours de nos errances européennes.

Le syndrome du touriste acquis

Je constate qu’un nouveau syndrome semble s’être implanté dans plusieurs villes touristiques. À titre d’exemple, Venise n’est plus une ville habitée, mais un immense centre touristique recevant des millions de visiteurs annuellement. Même chose à Prague et Vienne. Venise fut reconnue pour ses créations musicales baroques au XVIIe siècle, à preuve les concerts offerts dans la plupart des églises de la ville le soir. Pouvez-vous me nommer une seule pièce musicale créée à Venise au XXe siècle? Amsterdam qui reçoit plus de 17 millions de touristes annuellement était réputée pour sa créativité artistique et sa faune marginale. Quoi de neuf à Amsterdam en créativité artistique au XXIe siècle?

Serait-ce que la manne touristique assurée aurait comme conséquence d’annihiler la créativité et le renouvellement et de transformer l’esprit artistique en esprit purement économique?

À la prochaine!

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