mardi 30 août 2016

Acheter un château?

Toujours dans la région Centre de la France, nos récentes visites de châteaux nous ont fait prendre conscience que de nombreux sites étaient la propriété d'individus ou de sociétés privées. Il est vrai que la plupart des châteaux les plus prestigieux sont la propriété de l'État français, mais le nombre de propriétés privées, sociétés ou groupes sont de beaucoup supérieurs.

C'est sans doute la révolution de 1789 dans un premier temps qui a porté le plus dur coup à ces demeures de prestige à la suite des saccages et saisies par l'État. Par la suite, les changements fondamentaux intervenus dans les modes de vie qui ont suivi la première guerre de 1914-1918 ont également contribué à vider graduellement ces monuments devenus trop onéreux à entretenir. Chacune des installations a sa propre histoire de transmission patrimoniale, mais un grand nombre de châteaux forts, châteaux, chapelles et églises sont en grave péril de disparition en raison d'un manque flagrant d'entretien dû à un manque de ressources financières. Heureusement, un certain nombre de personnes s'investissent à sauver ce patrimoine en péril. Ce sont quelques-unes de ces personnes dont nous avons croisé la route en visitant des châteaux de la région.

Le château de La Ferté Saint-Aubin

C'est en Sologne que nous découvrons le majestueux portail d'entrée du château. La propriété entourée  de douves s’élève sur les bords d'une rivière, le Cosson.


La chapelle à l'arrière du château

La cuisine qui fut inondée en juin 2016
Il est probable que dès le XIe siècle, il existait à l’emplacement actuel du château, un châtelet gardant le passage du Cosson et qui dépendait du comté de Blois. En 1575, les terres de La Ferté passent par héritage à la famille de Saint-Nectaire. C’est en 1625 qu’ Henri I de la Ferté Sennectère entreprend la construction du « Grand Château »  qui restera inachevée par manque de fonds. La partie gauche, dite « petit  château » persiste encore de nos jours.  Les deux pavillons d’entrée et le porche datent du début du 17e siècle.

Henri II de La Ferté Sennectère, pair du royaume et connu sous le nom de « Maréchal de France », repris le château pour y faire construire les deux bâtiments d’écuries : à droite les « grandes écuries » pour les chevaux de selle et à gauche les « petites écuries » pour les chevaux de service.  Le château passa ensuite aux mains de plusieurs propriétaires tels Nicolas Bertrand, conseiller secrétaire du Roi.

À la fin du 19e siècle, l’imposante chapelle (derrière le château)  fut construite par Madame Dessales, qui fonda également un orphelinat en souvenir de son fils mort très jeune. La famille O’Gorman rachète le château en 1911, réaménage l’intérieur de celui-ci et conserve l’édifice par voie d’héritage jusqu’en 1987. C’est à cette date que Jacques Guyot, toujours propriétaire à ce jour, reprend le château.

La famille Guyot est également, depuis peu, propriétaire dans la région du château Saint-Brisson dont nous avons fait mention dans une chronique précédente.

Château de Meung-Sur Loire

Château de Meung-Sur Loire
Nous vous entretenions dans un récent article intitulé «Meung-sur-Loire et le Québec, une histoire partagée au XVIIIe - La collection Desjardins» du château de cette commune en bord de Loire.

Un premier château, destiné à servir de résidence aux évêques d'Orléans, est construit au milieu du XIIe siècle à l'emplacement d'un cloître adossé à la collégiale Saint-Liphard voisine. À partir de 1209 débute la construction d'un nouveau palais épiscopal, plus important, à une cinquantaine de mètres de l'ancien qui est alors transformé en prison. Au cours de la guerre de Cent Ans, le château devient une forteresse anglaise qui sera reprise par Jeanne d'Arc le 14 juin 1429 au cours de la bataille de Meung-Sur-Loire. Le poète François Villon est enfermé dans la prison du château en 1461 sur ordre de l'évêque d'Orléans. Aux alentours de 1500, un corps de bâtiment est ajouté au nord, avec une tour de pont-levis. Le château est laissé à l'abandon à partir des guerres de Religion, à la fin du XVIe siècle, jusqu'au début du XVIIe siècle.

Il est transformé en résidence d'agrément en 1706. À partir de 1771, il est la résidence de l'évêque Louis-Sextius Jarente de La Bruyère, qui fait décorer le château avec faste. Une chapelle de style néo-classique est ajoutée en 1784. Le parc est aménagé à l'anglaise, avec une rivière artificielle. Un petit pavillon de musique de plan octogonal, une orangerie et une glacière sont bâtis dans le parc.

À la Révolution française, il est vendu comme bien national et acquis par un propriétaire privé. Il sera revendu à maintes reprises par la suite.

Château de Beaugency
À l'occasion de cette visite, nous avons rencontré les propriétaires, Élise et Xavier Lelevé. Ces passionnés sont également propriétaires du château de Beaugency situé dans la commune voisine. Un bref échange nous a permis de bien comprendre l'ampleur des défis qui se posent à la reprise d'un monument historique de cette ampleur. Il faut vraiment être un peu fou... d'histoire et de patrimoines!

À preuve, regardez ce documentaire portant sur la famille Guyot impliquée dans le sauvetage de nombreux châteaux en France.

lundi 22 août 2016

Briare, Sully, Saint-Benoît et le vélo

La Loire à vélo
Ce titre, «Briare, Sully, Saint-Benoît et le vélo», nous a été inspiré par le circuit de quelques jours qui nous a fait découvrir en camping-car, en randonnée pédestre et à vélo quelques lieux des plus intéressants.

Le canal de Briare
En arrivant à Briare, nous y avons découvert le pont-canal qui est un des éléments impressionnants du canal de Briare qui est un des plus anciens canaux de France.

L'entrée du pont-canal côté Briare
Avec les 54 km de son parcours et ses 38 écluses, en suivant principalement la vallée du Loing, il relie le canal du Loing, depuis le hameau de Buges près de Montargis, à la Loire et au canal latéral à la Loire à Briare. Il permet à la navigation de relier les rivières de Loire et de Seine.

Il fut commandé par Sully (voir château Sully-sur-Loire plus bas) afin de développer le commerce entre provinces, réduire les disettes et ainsi ramener la paix dans le royaume. Sa construction commença en juin 1605 et ne fut achevée qu'en 1642. Entre 6 et 12 000 ouvriers travaillèrent sur ce chantier.

Afin de permettre au trafic fluvial d’enjamber la Loire et de relier les canaux de la rive droite à la rive gauche, un pont-canal fut construit en acier entre 1890 et 1896. Gustave Eiffel réalisa les travaux de maçonnerie (piles et culées). Toujours fonctionnels, le canal et le pont sont utilisés par les embarcations touristiques.

Vélo

La Loire à vélo est un itinéraire cyclable de 800 km balisés et de pistes cyclables s’échelonnant de Nevers à l'est jusqu’aux plages de Saint-Brévin à l’ouest en longeant principalement la Loire et ses châteaux. Son relief peu vallonné en facilite le parcours.

C’est à Briare que nous avons emprunté la piste avec nos vélos en direction de Gien.

Gien

Gien et son château
Le parcours en pleine campagne fut agréable à travers boisé et campagne malgré la chaleur du mois d’août. Histoire de rappeler à Danielle, ma soeur, que le circuit de la Loire l’attend avec son vélo depuis le Québec!

Arrivés à Gien, nous apprenons malheureusement que le château est fermé pour restauration. Gien c’est aussi la Faïencerie fondée en 1821 par Thomas Hall, un Anglais qui voulait introduire la faïence fine anglaise en France. Près de 200 ans plus tard, la faïence de Gien fait partie intégrante du patrimoine culturel français. Heureusement, en route nous avions croisé le site du château à Saint-Brisson-sur-Loire à mi-chemin entre Briare et Gien et nous rebroussons chemin en sa direction.

Le château Saint Brisson


Salle à manger début XXe
C'est probablement à la fin du IXe siècle ou au cours du Xe siècle qu'un premier édifice fortifié, alors constitué de palissades et d'une tour de bois, est élevé sur l'emplacement de l'actuel château. La construction du château tel qu’on peut le voir partiellement aujourd’hui débute au XIIe siècle par la réalisation d'un palais-forteresse. Au cours des siècles et au fil de l’histoire et des histoires de famille, le monument sera transformé jusqu’à former l’ensemble tel qu’on peut le visiter actuellement.

Ce château a été récemment racheté par un propriétaire privé qui désire poursuivre sa réhabilitation. Il vient tout juste de rouvrir au public. C’est particulièrement son site sur une butte surplombant la plaine en direction de la Loire coulant à proximité, ainsi que le bourg qui a su conserver son cachet campagnard d’autrefois qui nous a ravis. La décoration, bien que quelque peu éclectique, nous fait bien comprendre l’évolution des styles à travers les siècles d’occupation du château jusqu’aux récentes transformations effectuées en début XXe siècle afin d’introduire des éléments de confort comme la salle de bain et l’électricité.


Saint-Benoît sur Loire et Germigny des Prés

L’abbatiale
C’est le lendemain que nous découvrirons l’abbatiale de Saint Benoît sur Loire. C’est dimanche matin et les villageois se dirigent vers la basilique. Après avoir passé le magnifique porche de la tour datant du XIe siècle, nous pénétrons dans la nef qui résonne des chants grégoriens des moines. Ces sons se reflétant sur l'abside romane, la nef de style roman et vers le chœur de style gothique, sont envoûtants en cette magnifique matinée ensoleillée.

L’abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire, appelée également abbaye de Fleury, est une abbaye bénédictine. D’ailleurs, bien que ce lieu soit totalement différent au plan architectural, il nous a rappelé l’Abbaye de Saint-Benoît-du-Lac en Estrie au Québec qui est aussi une abbaye bénédictine.

Abbaye
Chapiteau dans le porche
 Fondée vers l'an 630 dans le diocèse d'Orléans, la communauté monastique qui avait été dispersée à la révolution a été refondée en 1944 par un groupe de moines bénédictins venus du monastère de la Pierre qui Vire dans le Morvan situé en Bourgogne-Franche-Comté. Trente-deux moines y vivent aujourd'hui selon la règle de Saint Benoît, sous la direction du Père Abbé Etienne Ricaud.

Oratoire carolingien
À quelques kilomètres de Saint-Benoît nous nous arrêtons à Germigny des Prés (753 habitants) afin d’y admirer l’oratoire carolingien, l'une des plus anciennes églises de France, rare exemple du style architectural carolingien. L'oratoire a été construit entre 803 et 806 par l'évêque Théodulf d'Orléans, théologien et poète familier de Charlemagne, selon un plan centré en croix grecque. L'église contient la seule mosaïque byzantine de France, elle représente deux anges qui entourent l'Arche d'alliance. De toute évidence influencé par l’art byzantin!
Assis devant cette mosaïque, nous nous replongeons dans nos souvenirs de voyage en Turquie et plus particulièrement à Istanbul qui fut auparavant Constantinople et précédemment Byzance. Nous revoyons les mosaïques de Sainte Sophie.

Sully-sur-Loire

Changement de commune et changement d’époque. Le château est situé dans le centre de Sully-sur-Loire, sur la rive gauche de la Loire, à proximité du pont. Le château est mentionné dès 1102, il contrôlait un pont sur la Loire qui disparut dès le XIVe siècle. Le château moyenâgeux est entouré de douves et comprend deux parties distinctes : le donjon et le petit château.

Il n’a appartenu au cours des siècles qu’à trois familles : les premiers seigneurs de Sully, la famille de la Trémouille, et la famille de Béthune dont Maximilien de Béthune, le grand Sully, premier duc du nom.

Sur ordre de Sully qui était protestant, l’église seigneuriale du château, la collégiale Saint Ythier, a été entièrement démontée et déménagée au centre du village en 1608.


Maximilien de Béthune, duc de Sully

Sully est né à Rosny le 13 décembre 1559 et est mort à Villebon le 22 décembre 1641. Il fut  pair de France, maréchal de France, prince souverain d'Henrichemont et de Boisbelle, baron puis marquis de Rosny, marquis de Nogent-le-Rotrou, comte de Muret et de Villebon, vicomte de Meaux. Il fut également un militaire protestant et un compagnon d'armes du roi Henri IV de France dont il devint l'un des principaux conseillers.

Il joua un rôle indirect dans l’histoire de la Nouvelle-France, car contrairement à Henri IV, il n’était pas partisan du développement de l’Amérique du Nord à titre de colonie du royaume et en ce sens n’a rien fait pour favoriser l’établissement de colons le long du Saint-Laurent alors même que Champlain fondait Québec en 1608.. D’un point de vue historique, ceci a permis aux colonies anglaises d’accueillir une population immigrante de beaucoup supérieure à celles de la Nouvelle-France et ainsi, au siècle suivant, de se positionner de manière prépondérante sur l’ensemble du territoire nord-américain.



vendredi 19 août 2016

Chine révolue et nostalgique

(mes notes en différé d'un voyage effectué en mai 2016)

Comme je le notais lors d'une précédente chronique «Beijing (Pékin)-une surprise!», j'ai connu la Chine il y a plus de vingt ans et le but principal de notre voyage en mai 2016 était de constater de facto les changements intervenus dans la société chinoise. Un récent hasard m'a fait redécouvrir un documentaire produit par l'Office national du film du Canada (ONF) en 1973. L’équipe de tournage, composée de Marcel Carrière à la réalisation, d’Alain Dostie à la caméra et de Serge Beauchemin au son, avait obtenu la permission exceptionnelle de filmer dans quatre grandes villes; Beijing, Shenyang, Shanghaï et Kwangchow, afin de capter des images des Chinois dans leur vie quotidienne. Témoin privilégié d’une époque révolue, document précieux d’une Chine qui n’existe plus aujourd’hui, ces images sont une observation visuelle et sonore de ce qu’était la Chine en 1973.

D’ailleurs ces images ressemblent beaucoup à celles que j'ai vu dans les années 1990 au moment de l'ouverture de la Chine à l'Occident. Elles sont maintenant anciennes et témoignent d'une certaine nostalgie.

jeudi 18 août 2016

Les grandes robes royales à Châteaudun

Au cours des dernières années, nous sommes passés à proximité de la ville de Châteaudun sans nous y arrêter. Nous avons donc décidé cette année de prendre le temps de visiter la ville historique ainsi que le château superbement restauré. Nous ne l'avons pas regretté.

Châteaudun

Maison renaissance 1577
Située aux portes de la Beauce à l'est et du Perche (ou Perche Dunois) à l'ouest, la cité, capitale du Dunois, est bâtie sur un éperon rocheux surplombant le Loir (rivière) dans le département d’Eure-et-Loir. Cette configuration naturelle et sa situation à la croisée de deux voies romaines reliant Chartres à Tours et Orléans au Mans ont contribué à en faire une place forte au cours des siècles.

mercredi 17 août 2016

Chateau-Renault et le peintre André Bauchant

Cette saison, nous amorçons nos errances européennes par une virée dans la région Centre de la France afin d’y découvrir des lieux, des personnages et des monuments qui sont partie intégrante du circuit des châteaux de la Loire, mais qui sont souvent relégués au second rand des priorités des visiteurs internationaux. En fait les touristes comme nous, sont attirés par les grands noms tels Chambord, Chenonceau, Azay-le-Rideau, Villandry ou Amboise, que nous avons visités au cours de précédents voyages dans les trente dernières années! Cependant, l’histoire «récente» de la région qui s’étire sur plus d’un millénaire a laissé de nombreuses traces qui sont autant de lieux de curiosité.  C’est ce à quoi nous consacrerons nos prochaines haltes dans la région.

André Bauchant
Nous sommes le 24 avril 1873. André Bauchant naît à Château-Renault. Il deviendra un peintre naïf autodidacte de grand talent, on le surnommera le « peintre-jardinier », car il sera pendant longtemps pépiniériste de métier. Il deviendra en raison de sa renommée une figure emblématique de sa ville.

Château-Renault
La commune est située au confluent de deux rivières, la Brenne et la Gault à distance égale, entre Tours au sud-ouest et Vendôme au nord-est et à 30 km à l'ouest de Blois sur la Loire.

Donjon 1160
L’origine de la ville remonterait à l’an mil, avec l’édification sur l’éperon rocheux d’un donjon en bois, placé sur une motte artificielle. Aucune donnée archéologique ne permet à ce jour d’attester d’une occupation humaine antérieure à cette période sur l’actuel territoire communal. Ce donjon de bois fut remplacé vers 1160 par un donjon de pierre par le comte Thibaut IV de Blois. Il impose sa haute masse sur l’ensemble de la ville et ses alentours. La ville médiévale se développe au sud et à l’est du château, bornée d’ouest en est par des portes de ville qui seront supprimées lors d’aménagements subséquents durant le XVIIIe siècle. 

Le château
C’est au cours d’une promenade à travers le village que nous avons découvert le château construit au pied du donjon par les Guicher, seigneurs de Château-Renault, qui étaient les vassaux des comtes de Blois. En 1066, un terrain situé au pied du château est donné à l’abbaye Saint-Julien de Tours pour y construire un bourg et une chapelle, qui seront érigés en paroisse sous le vocable de Saint-André en 1125.

Église Saint-André
Église Saint -André (sud)
L’actuelle église Saint-André fut consacrée le 28 mars 1562 à la suite de sa reconstruction. Comme beaucoup d’autres sites de cultes, l’édifice fut endommagé après la Révolution et en 1801 l’église est dite «inhabitable». Les vitraux étaient cassés et les cloches fondues. C’est pourquoi au plan architectural le bâtiment est plutôt hétéroclite, révélant des vestiges de différents styles et de différentes époques. Nous avons particulièrement apprécié ses ouvertures orientées vers le sud et toutes dotées de magnifiques vitraux réalisés par le maître-verrier Julien Léopold Lobin au cours du XIXe siècle. L’ensemble, par une journée ensoleillée, se transforme en une éblouissante oeuvre d’art. Malgré sa taille modeste, cette église nous a particulièrement impressionnés.

Sous l’appellation « Cité du cuir », Château-Renault est, à partir du premier tiers du XIXe siècle et jusqu’au milieu du XXe, l’un des principaux centres de la tannerie française, avec comme spécialité la fabrication du cuir à semelles tanné aux écorces de chêne. La ville s’est développée autour des usines implantées le long des rivières, dans une vallée située en contrebas du château.

Passée au stade industriel, la tannerie a façonné la ville autour de ses usines, cités, maisons et jardins ouvriers, commerces coopératifs, sociétés de secours mutuel et syndicats. Les tanneurs diffusent leurs produits en France et à l’étranger, et les nombreux prix reçus lors des expositions universelles témoignent de la qualité et de la reconnaissance des cuirs à semelles fabriqués à Château-Renault. La longue lignée des maîtres-tanneurs Peltereau sera marquée au tournant des XIXe et XXe siècles par la renommée internationale de Placide Peltereau, l’un des grands noms de la tannerie française. La ville comptait 16 tanneries en 1880, 9 en 1914, 7 en 1950, et 3 en 1970. La dernière usine à avoir cessé sa production est la société des Tanneries J. Hervé, en 1985. Les anciennes usines ont été pour plusieurs restaurées et transformées en musée, centre communautaire et bureaux. L’ensemble nous permet cependant de visuellement imaginer ce complexe en plein fonctionnement au milieu de ce bourg maintenant endormi.

C’est notre visite des alentours du château qui nous a fait découvrir le peintre André Bauchant, car on peut y voir des reproductions de tableaux sélectionnés pour leur lien thématique avec la ville de Château-Renault et pour leur représentativité dans l’œuvre du peintre. Les sérigraphies sont affichées sur la promenade. Les tableaux sélectionnés couvrent la période allant de 1918 à 1955.

C’est à son retour de la Première Guerre mondiale qu’il se consacrera à la peinture. En 1921, il expose neuf toiles au Salon d’Automne à Paris, au cours duquel le peintre Amédée Ozenfant et l’architecte Le Corbusier remarquent sa peinture naïve et poétique. En 1928 se tient sa première exposition personnelle, avec 75 toiles exposées à la galerie Jeanne Bucher à Paris. Cette même année, Serge de Diaghilev, le directeur des ballets russes, lui commande une maquette pour les décors de son ballet Apollon Musagète. André Bauchant a peint de grandes toiles mythologiques, historiques et religieuses, des portraits, des paysages, des fleurs et des fruits, des animaux et des oiseaux, des fruitiers. Sa peinture est exposée très rapidement dans le monde entier, mais c’est seulement en 1949 que la galerie Charpentier à Paris organise une grande exposition de 215 toiles. C’est la consécration et le début d’une reconnaissance internationale. Il est l’auteur de plus de 3000 toiles réparties dans des collections privées et publiques, notamment en France, en Allemagne ou au Japon.



On peut voir une collection de ses toiles au musée du Vieux-Château de Laval ainsi qu'à la fondation Dina Vierny, Musée Maillol, à Paris.

Un merci particulier à Pascal, un résident de Château-Renault, qui nous a fait découvrir sa ville.


vendredi 5 août 2016

Meung-sur-Loire et le Québec, une histoire partagée au XVIIIe - La collection Desjardins



Meung-sur-Loire, le 5 août 2016

Desjardins Philippe Jean Louis (1753-1833)
Depuis quelques jours, nous sommes de retour en France afin de récupérer notre Ulysse (pour les nouveaux lecteurs, Ulysse c'est notre camping-car). Notre point de chute est Meung-sur-Loire, une commune française située dans le département du Loiret en région Centre à quelques kilomètres d’Orléans et à 140 km au sud-ouest de Paris. Comme nous avons eu quelques jours de libres en attendant que se réalisent les travaux d’entretien périodique sur Ulysse, nous avons documenté un bout d’histoire commune entre Meung-sur-Loire et le Québec.

Comme bien d’autres en France, cette commune bénéficie d’un large passé historique. Déjà des occupations ont été signalées au mésolithique (période de l’âge de pierre située entre le paléolithique et le néolithique.). Un fortin gallo-romain fut implanté ici. Il fut détruit vers 408 par une horde de Vandales ou Alains qui l’auraient incendié, avant de traverser la Loire afin de poursuivre leur traversée de la Gaule romaine. Par la suite, saint Liphard, né à Orléans vers 477, redonna vie au village, asséchant les marécages et défrichant les bois, canalisant le système de rivières des Mauves, regroupant la population autour de son ermitage. Il y construit une chapelle, devenue monastère par la suite. Après sa mort en 565, une ville nouvelle grandit peu à peu autour de son tombeau. C’est un siècle plus tard qu’apparaît la première mention de la commune, sous sa forme latine, Magdunum.

En 1103, le roi Louis VI s'empare de la forteresse. Un an plus tard, les reliques de saint Liphard sont placées dans l'église. Le logis abbatial fortifié qui jouxte l'église est mis en construction durant le XIIe siècle. C’est alors le temps des grandes constructions, tour dressée contre le clocher par Manassès de Garlande, le château élevé à partir du XIIIe par un autre Manassès, qui dota aussi la ville d’un pont de pierre : elle gardera ce signe de puissance jusqu’à son effondrement aux alentours de 1500 (il ne sera reconstruit qu’en 1836). Également au XIIe siècle, l'église est rénovée dans le style gothique et Jeanne d'Arc vient s'y recueillir en 1429.

En 1857, 38 moulins possédaient leur « droit d'eau », c'est-à-dire l'autorisation administrative de fonctionner.

Collégiale Saint-Liphard de Meung-sur-Loire
Le château de Meung-sur-Loire est une ancienne résidence fortifiée.
Il a servi de résidence 
des évêques d'Orléans et de prison, dont François Villon fut le captif le plus célèbre.
Cependant, ce qui a particulièrement attiré notre attention n’est pas nécessairement l’histoire de la commune, ni ses bâtiments patrimoniaux tels que le château ou l’église, mais une histoire peu connue des Québécois, soit celle de la collection de peintures des Desjardins.

Philippe-Jean-Louis Desjardins, prêtre catholique et vicaire général, né le 6 juin 1753 à Messas à quelques kilomètres de la commune, fit ses études classiques au petit séminaire de Meung-sur-Loire et montra vite des aptitudes intellectuelles remarquables. En 1788, il fut nommé doyen du chapitre de Meung-sur-Loire et vicaire général d’Orléans. La révolution éclata et la Constitution civile du clergé supprima les titres et bénéfices ecclésiastiques. Desjardins se retira d’abord chez ses parents à Messas, puis à Bayeux, avec son frère Louis-Joseph (1766-1848), devenu prêtre. Lors des événements d’août 1792, les frères Desjardins ne voulurent pas attirer d’ennuis à leurs hôtes et décidèrent d’émigrer. À Londres, Philippe-Jean-Louis rencontra Mgr Jean-François de La Marche, évêque de Saint-Pol-de-Léon, qui s’occupait justement de recruter des prêtres pour le Canada. Depuis la Conquête (1760), l’Église canadienne n’avait pu faire appel au clergé français. L’Angleterre ayant reçu environ 8 000 prêtres émigrés, la situation se trouvait changée et la porte du Canada ouverte. Mgr de La Marche nomma Desjardins chef de la mission chargée d’étudier les conditions de l’établissement dans le Haut et le Bas-Canada de prêtres français et, éventuellement, d’émigrés. 

David vainqueur de Goliath exécutée par
l’artiste Pierre Puget (1620-1694)
Musée de la civilisation,
collection du Séminaire de Québec.
Apparemment à cause de graves ennuis de santé, il dut se résoudre à rentrer en France à l’occasion de la paix d’Amiens en 1802. Desjardins alla d’abord servir à titre de curé de Meung-sur-Loire, puis comme vicaire général d’Orléans, pour revenir assez vite à Paris en qualité de secrétaire auprès de la légation romaine. Peu après, il profite d'«occasions» dont il ne dévoile pas les sources pour acheter des tableaux qu'il espère revendre rapidement et avec profit dans le Bas-Canada. Il n'avait cependant pas prévu les conséquences du Blocus continental ni la police napoléonienne qui l'accuse de complot, à cause d'un échange avec Edward Augustus, duc de Kent, le garde prisonnier de 1810 à 1813. Il doit attendre 1816 pour réaliser son projet, et acheminer par la voie du ministre plénipotentiaire de France aux États-Unis, Hyde de Neuville, une première cargaison de 120 tableaux vers l'Amérique. De New York, ceux-ci transitent par le poste de douanes de Saint-Jean avant d'arriver à Québec à la fin de février 1817. Le second envoi de 60 œuvres accompagne les bagages de Mgr Joseph-Octave Plessis en 1820 lors de son retour d'Europe.

Les tableaux Desjardins formaient un ensemble assez disparate d'œuvres de l'École française des XVIIe et XVIIIe, auxquelles se joignaient celles des écoles italienne et hollandaise. Ils représentaient néanmoins une vue en coupe, un échantillonnage du talent de ces époques et de ces pays et du goût français, en particulier pour la peinture religieuse.

Philippe-Jean- Louis Desjardins décéda le 21 octobre 1833 à Paris.

De l’avis de Laurier Lacroix ( professeur retraité, Ph.D. Histoire de l'art, Université Laval) dans un article publié dans la revue «Cap aux Diamants» en 1989 ; les tableaux Desjardins sont considérés comme peu importants dans le contexte politique français de la fin du XVIII siècle, ils deviennent au Québec, dans un milieu attaché aux valeurs de l'Ancien Régime et privé d'œuvres picturales valables, la stimulation nécessaire à l'origine de plusieurs carrières artistiques. Ils favorisent en outre le développement de la peinture d'histoire au XIXe siècle et forment la base d'une véritable collection, celle de Joseph Légaré, acquise par le Séminaire de Québec en 1874.

Pour référence:
Dictionnaire biographique du Canada, Volume VI (1821-1835).
La revue CAP-AUX-DIAMANTS, Vol 5, no 3. Automne 1989.
L'abbé Philippe Desjardins, un grand ami du Canada, 1753-1833 par Jacqueline Lefebvre, Société historique de Québec, 1983 (Cahiers d'Histoire no.34).
Le fonds de tableaux Desjardins : nature et influence / Lacroix, Laurier, 1947.



jeudi 4 août 2016

Y a-t-il un problème de réglementation au Canada selon vous?

Lors d’un récent voyage en Chine à bord des avions d’Air Canada, notre vol au départ de Shanghai à destination de Montréal avec une correspondance prévue à Vancouver a été retardé de deux heures au départ de Shanghai en raison des conditions atmosphériques. En conséquence, nous avons manqué notre vol de correspondance pour Montréal en début d’après-midi. Un second vol pour Montréal était prévu en fin de soirée, mais malheureusement il était complet. C’est ainsi qu’Air Canada nous proposa un vol sur Toronto en fin de soirée avec une correspondance pour Montréal en matinée du lendemain. 

Nous venions de terminer un vol de plus de 13 heures et la compagnie d’aviation nous proposait de passer une deuxième nuit blanche en transit à l’intérieur du pays, ce que nous avons refusé. Nous avons donc réservé le vol direct sur Montréal le lendemain matin et avons assumé les frais d’hébergement, de transport et de restauration à Vancouver face au refus d’Air Canada d’assumer quelque frais que ce soit conformément à la politique de la compagnie et prétextant que le retard n'était pas attribué à un élément sous contrôle de la société.

Voici la politique d’Air Canada concernant les retards des vols

Certains retards sont imputables au transporteur tandis que d'autres, comme ceux causés par le mauvais temps ou les perturbations attribuables à la circulation aérienne ou à l'aéroport, sont indépendants de notre volonté. Quelle que soit la raison du retard, Air Canada vous aidera.
Que fera Air Canada en cas de retard prolongé?
Dans le cas du retard prolongé d'un vol d'Air Canada, d’Air Canada rouge ou d’Air Canada Express*, dont la durée est estimée à :

deux heures ou plus:

  1. Vous pouvez modifier votre réservation** sans frais en choisissant une nouvelle date de départ qui aura lieu dans les sept jours suivant la date initiale de votre voyage. Si vous changez votre vol de départ, vous pouvez, au même moment, choisir également un nouveau vol de retour pour que la durée de votre séjour soit la même, au besoin. 
  2. Vous pouvez conserver la portion non utilisée de votre billet et l'utiliser pour un voyage futur avec Air Canada.
  3. Vous pouvez demander le remboursement de la partie non utilisée de votre billet.
Si le retard est causé par une situation sous le contrôle d'Air Canada, un agent - Aéroports d'Air Canada vous offrira un bon pouvant être utilisé à l'un des restaurants de l'aéroport ou dans le cadre de notre service Café Air Canada.
huit heures ou plus:
Dans le cas d'une situation sous le contrôle d'Air Canada, si le départ de votre vol a été remis au lendemain, il est possible que vous ayez droit aux bons de repas, au transport permettant de quitter l'aéroport et d'y revenir, ainsi qu'à l'hébergement à l'hôtel (sous réserve des disponibilités). Adressez-vous à un agent - Aéroports d'Air Canada pour obtenir de l'aide.

Dans le cas de circonstances indépendantes de la volonté d'Air Canada, si le départ de votre vol a été remis au lendemain, les représentants d'Air Canada vous fourniront les coordonnées d'un hôtel où vous pouvez profiter de tarifs préférentiels.

Règlement de l’Union européenne (UE) concernant les retards des vols

Si votre vol est retardé d'au moins 5 heures, vous pouvez également demander un remboursement (mais si vous l'acceptez, la compagnie n'est plus tenue de vous fournir une assistance ou d'organiser votre réacheminement).

La compagnie aérienne doit vous informer de vos droits et vous expliquer pour quelle raison vous n'avez pas pu embarquer, ou pourquoi votre vol a été annulé ou retardé (pour tout retard de plus de 2 heures, ou de 4 heures pour les vols de plus de 3 500 km).

Repas et hébergement

Dans certains cas, la compagnie est tenue d'offrir aux passagers des rafraîchissements, un repas, la possibilité de communiquer (appel téléphonique gratuit, par exemple), et, si nécessaire, un hébergement (en fonction de l'ampleur du retard et de la distance du vol).

Indemnisation

En outre, si on vous refuse l'accès à bord, si votre vol est annulé ou s'il arrive avec plus de trois heures de retard à la destination finale indiquée sur votre billet, vous avez droit à une indemnisation, de 250 à 600 EUR, selon la distance du vol.

Dans l'UE
  • Jusqu'à 1 500 km: 250 EUR
  • Plus de 1 500 km: 400 EUR

Entre un aéroport dans l'UE et un aéroport situé hors de l'UE
  • Jusqu'à 1 500 km: 250 EUR
  • De 1 500 à 3 500 km: 400 EUR
  • Plus de 3 500 km: 600 EUR

EN CONCLUSION

Notre arrêt forcé à Vancouver nous aura coûté 250 $CA en raison de la politique d’Air Canada. Si nous avions été visés par le règlement de l’UE, nous aurions eu droit à une indemnisation de 600 EUR en plus du remboursement de nos frais à Vancouver. Y a-t-il un problème de réglementation au Canada selon vous?