mercredi 17 août 2016

Chateau-Renault et le peintre André Bauchant

Cette saison, nous amorçons nos errances européennes par une virée dans la région Centre de la France afin d’y découvrir des lieux, des personnages et des monuments qui sont partie intégrante du circuit des châteaux de la Loire, mais qui sont souvent relégués au second rand des priorités des visiteurs internationaux. En fait les touristes comme nous, sont attirés par les grands noms tels Chambord, Chenonceau, Azay-le-Rideau, Villandry ou Amboise, que nous avons visités au cours de précédents voyages dans les trente dernières années! Cependant, l’histoire «récente» de la région qui s’étire sur plus d’un millénaire a laissé de nombreuses traces qui sont autant de lieux de curiosité.  C’est ce à quoi nous consacrerons nos prochaines haltes dans la région.

André Bauchant
Nous sommes le 24 avril 1873. André Bauchant naît à Château-Renault. Il deviendra un peintre naïf autodidacte de grand talent, on le surnommera le « peintre-jardinier », car il sera pendant longtemps pépiniériste de métier. Il deviendra en raison de sa renommée une figure emblématique de sa ville.

Château-Renault
La commune est située au confluent de deux rivières, la Brenne et la Gault à distance égale, entre Tours au sud-ouest et Vendôme au nord-est et à 30 km à l'ouest de Blois sur la Loire.

Donjon 1160
L’origine de la ville remonterait à l’an mil, avec l’édification sur l’éperon rocheux d’un donjon en bois, placé sur une motte artificielle. Aucune donnée archéologique ne permet à ce jour d’attester d’une occupation humaine antérieure à cette période sur l’actuel territoire communal. Ce donjon de bois fut remplacé vers 1160 par un donjon de pierre par le comte Thibaut IV de Blois. Il impose sa haute masse sur l’ensemble de la ville et ses alentours. La ville médiévale se développe au sud et à l’est du château, bornée d’ouest en est par des portes de ville qui seront supprimées lors d’aménagements subséquents durant le XVIIIe siècle. 

Le château
C’est au cours d’une promenade à travers le village que nous avons découvert le château construit au pied du donjon par les Guicher, seigneurs de Château-Renault, qui étaient les vassaux des comtes de Blois. En 1066, un terrain situé au pied du château est donné à l’abbaye Saint-Julien de Tours pour y construire un bourg et une chapelle, qui seront érigés en paroisse sous le vocable de Saint-André en 1125.

Église Saint-André
Église Saint -André (sud)
L’actuelle église Saint-André fut consacrée le 28 mars 1562 à la suite de sa reconstruction. Comme beaucoup d’autres sites de cultes, l’édifice fut endommagé après la Révolution et en 1801 l’église est dite «inhabitable». Les vitraux étaient cassés et les cloches fondues. C’est pourquoi au plan architectural le bâtiment est plutôt hétéroclite, révélant des vestiges de différents styles et de différentes époques. Nous avons particulièrement apprécié ses ouvertures orientées vers le sud et toutes dotées de magnifiques vitraux réalisés par le maître-verrier Julien Léopold Lobin au cours du XIXe siècle. L’ensemble, par une journée ensoleillée, se transforme en une éblouissante oeuvre d’art. Malgré sa taille modeste, cette église nous a particulièrement impressionnés.

Sous l’appellation « Cité du cuir », Château-Renault est, à partir du premier tiers du XIXe siècle et jusqu’au milieu du XXe, l’un des principaux centres de la tannerie française, avec comme spécialité la fabrication du cuir à semelles tanné aux écorces de chêne. La ville s’est développée autour des usines implantées le long des rivières, dans une vallée située en contrebas du château.

Passée au stade industriel, la tannerie a façonné la ville autour de ses usines, cités, maisons et jardins ouvriers, commerces coopératifs, sociétés de secours mutuel et syndicats. Les tanneurs diffusent leurs produits en France et à l’étranger, et les nombreux prix reçus lors des expositions universelles témoignent de la qualité et de la reconnaissance des cuirs à semelles fabriqués à Château-Renault. La longue lignée des maîtres-tanneurs Peltereau sera marquée au tournant des XIXe et XXe siècles par la renommée internationale de Placide Peltereau, l’un des grands noms de la tannerie française. La ville comptait 16 tanneries en 1880, 9 en 1914, 7 en 1950, et 3 en 1970. La dernière usine à avoir cessé sa production est la société des Tanneries J. Hervé, en 1985. Les anciennes usines ont été pour plusieurs restaurées et transformées en musée, centre communautaire et bureaux. L’ensemble nous permet cependant de visuellement imaginer ce complexe en plein fonctionnement au milieu de ce bourg maintenant endormi.

C’est notre visite des alentours du château qui nous a fait découvrir le peintre André Bauchant, car on peut y voir des reproductions de tableaux sélectionnés pour leur lien thématique avec la ville de Château-Renault et pour leur représentativité dans l’œuvre du peintre. Les sérigraphies sont affichées sur la promenade. Les tableaux sélectionnés couvrent la période allant de 1918 à 1955.

C’est à son retour de la Première Guerre mondiale qu’il se consacrera à la peinture. En 1921, il expose neuf toiles au Salon d’Automne à Paris, au cours duquel le peintre Amédée Ozenfant et l’architecte Le Corbusier remarquent sa peinture naïve et poétique. En 1928 se tient sa première exposition personnelle, avec 75 toiles exposées à la galerie Jeanne Bucher à Paris. Cette même année, Serge de Diaghilev, le directeur des ballets russes, lui commande une maquette pour les décors de son ballet Apollon Musagète. André Bauchant a peint de grandes toiles mythologiques, historiques et religieuses, des portraits, des paysages, des fleurs et des fruits, des animaux et des oiseaux, des fruitiers. Sa peinture est exposée très rapidement dans le monde entier, mais c’est seulement en 1949 que la galerie Charpentier à Paris organise une grande exposition de 215 toiles. C’est la consécration et le début d’une reconnaissance internationale. Il est l’auteur de plus de 3000 toiles réparties dans des collections privées et publiques, notamment en France, en Allemagne ou au Japon.



On peut voir une collection de ses toiles au musée du Vieux-Château de Laval ainsi qu'à la fondation Dina Vierny, Musée Maillol, à Paris.

Un merci particulier à Pascal, un résident de Château-Renault, qui nous a fait découvrir sa ville.


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