mardi 18 octobre 2016

La Champagne - Reims

Fin septembre 2016, notes de voyage.

Nous sommes en pleine saison des vendanges. Partout dans les vignobles des équipes d’hommes et de femmes s’activent dès le lever du soleil au ramassage des raisins qui sont, selon le coteau, d’un bleu foncé ou encore vert ou encore jaune, mais tous gorgés à souhait du sucre essentiel à obtenir un vin mousseux, nommé champagne. Au-delà des grandes marques représentées partout dans le monde (une question marketing), nous avons découvert une multitude de petits producteurs qui commercialisent leur champagne au vignoble. Il faudrait résider longtemps dans la région pour les découvrir et les apprécier individuellement. Nous nous contentons donc de faire de grandes balades dans le vignoble.


Reims


La visite de la ville, avant tout reconnue pour ses producteurs de champagne, car toutes les grandes marques y sont représentées, nous a permis de découvrir deux édifices religieux remarquables.

La cathédrale


Cathédrale Notre-Dame de Reims
Ce n’est pas son architecture gothique comparable et même moins spectaculaire que plusieurs autres temples chrétiens dans le nord de la France qui a retenu notre attention, mais bien son histoire. Ce n’est, ni le lieu géographique, ni le caractère exceptionnel de l’édifice qui peut expliquer son principal signe distinctif, mais bien un hasard historique qui a fait que depuis le XIe siècle les rois de France y furent couronnés. Clovis, roi des Francs, y fut baptisé dans un édifice antérieur à la fin du Ve siècle.

Mosaïque romaine


Parmi les objets les plus notables que nous y ayons trouvés, nous avons retenu une mosaïque romaine posée sur le dallage de la chapelle Sacré-Coeur au XIXe siècle. Elle fut découverte dans la cour de l’archevêché voisin, puisque les diverses cathédrales successives ont été édifiées à l’emplacement d’importants thermes romains et d’habitations gallo-romaines. Il est intéressant de noter que de récents travaux archéologiques font de Reims (Durocortorum) possiblement la deuxième ville la plus vaste de l’Empire après Rome sous Auguste. Sept grandes voies romaines desservaient la ville.

L’architecte

Autre attrait découvert en parcourant ce temple, la dalle du catafalque, de l’architecte Hugues Libergier. Architecte de grand talent, il réalisa notamment l'église Saint-Nicaise de Reims dont les travaux débutèrent en 1229 et furent repris en 1264 par Robert de Coucy pour être terminés en 1311. Il y fut enterré, mais l'église fut détruite en 1798, sous la Révolution française.

Il est inscrit sur la dalle : « ci-gît maistre Hugues Libergiers qui commença ceste église en l'an de l'incarnation MCC et XXIX [1229] le mardi de Pâques et trépassa en l'an de l'incarnation MCCLXIII [1263] le samedi après Pâques. Pour Dieu, priez pour lui ».



Son effigie porte à la main droite la miniature d’un projet de la basilique Saint-Niçaise d’où cette pierre a été enlevée pour être placée dans la cathédrale.
Au pied de l’architecte, les symboles de sa profession : compas, équerre et règle.



Saint-Jean-Baptiste de La Salle


Autre trouvaille qui intéressera particulièrement nos lecteurs québécois, Saint-Jean-Baptiste de La Salle (1651-1719), fondateur des Frères des Écoles Chrétiennes, a célébré sa première messe dans cette cathédrale le 10 avril 1678.

Finalement, ce sont des artistes contemporains qui ont laissé leur marque indélébile dans l’abside de l’église à travers de spectaculaires vitraux.

Marc Chagall


Peintre français, d’origine russe, Marc Chagall (1887-1985) est né à Vitebsk en Biélorussie. Il grandit au sein d’une famille pieuse appartenant à ces modestes communautés juives orientales fortement pénétrées de mysticisme hassidisme.

Dans une époque où l’art semble fermé au contenu et à l’esprit de la Bible, ce grand artiste moderne, nourri du Livre saint depuis son enfance, lui consacre beaucoup de ses oeuvres et, parmi elles, un bel ensemble de vitraux. Marc Chagall réalise ces vitraux, accompagné de deux maîtres-verriers qui dirigent à Reims l’un des plus anciens ateliers français du vitrail, Charles Marq et sa femme Brigitte Simon. Leur fils Benoît Marq en perpétue la tradition. C’est en 1971 que Marc Chagall en collaboration avec Charles Marq accepte de créer un ensemble de vitraux pour la cathédrale. À cette occasion, Marq remet en oeuvre des techniques utilisées au Moyen Âge. Ainsi, le bleu du fonds de la composition est celui des bleus des vitraux du XIIIe siècle de Reims.


Imi Knoebel


Imi Knoebel est un artiste allemand né en 1940 à Dassau. Les vitraux  réalisés par les ateliers des maîtres-verriers Simon Marq à Reims et Duchemin à Paris ont été conçus en 2008 et installés en 2011 à l’occasion du 800e anniversaire de la cathédrale. Les six vitraux sont une composition abstraite où la couleur donne corps à l’oeuvre. Les verres colorés sont assemblés par la technique traditionnelle du plomb. Ainsi les vitraux s’harmonisent avec la tradition des maîtres-verriers du Moyen Âge à l’époque de la construction de la cathédrale.

La basilique et l’Abbaye Saint-Remi


Située dans le quartier sud, cette basilique abrite les restes de l’évêque Rémi de Reims depuis 533, celui qui baptisa Clovis le roi des Francs. À l’époque, une simple chapelle, elle devient abbaye bénédictine vers 750-760. Au cours de l’histoire, elle subit de nombreux agrandissements et de nombreuses transformations selon le style de l’époque (roman, gothique, renaissance, baroque). Les Bénédictins sont chassés de leur monastère en 1793 à la suite de la révolution, mais la basilique est épargnée de la démolition. Tout comme la cathédrale, la basilique a subi les bombardements allemands durant la guerre 1914-18 et a été entièrement restaurée pendant de nombreuses années. Aujourd’hui, ce monument est une pure merveille pour l’amateur d’architecture religieuse que je suis.
Parmi les sculptures disposées dans la basilique, nous avons retenu cette mise au tombeau du Christ datant de 1531, provenant de l’ancienne commanderie, temple détruit en 1792.
La finesse des détails sculptés dans la pierre de craies est exceptionnelle.

La chapelle Notre-Dame


Finalement, le dernier attrait de Reims qui a retenu notre attention est la chapelle Notre-Dame de la Paix, oeuvre de l’artiste franco-japonais Tsuguharu (Léonard) Fujita. Après avoir été baptisé à Reims en 1959, le peintre Foujita souhaitait édifier une chapelle. René Lalou, président du Champagne Mumm, offre le terrain. En 1966, âgé de 80 ans , Foujita décore à fresque la chapelle construite par Maurice Clauzier. Le peintre dessine l’intérieur jusqu’aux détails. Les verrières sont réalisées par Charles Marq.
Détails d’une fresque réalisée par Foujita à l’intérieur de la chapelle Notre-Dame.
Image provenant du site Wikiwand,
puisque la prise de photos était interdite lors de notre visite.

Pour en apprendre plus sur la vie et l’oeuvre de Tsuguharu Foujita, Wikihand. Son parcours est vraiment hors du commun.

Aire de camping-car

La ville de Reims offre une aire de camping-car avec vidange et accès à l'eau pour quelques véhicules à proximité du centre historique. Malheureusement, l'accueil y est moins que chaleureux (Centre d'accueil international!), le site est situé au bord d'une route à grande circulation et est adossé à un parc où les jeunes et les SDF se réunissent la nuit pour y faire la fête.

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